
Au tribunal, Alexander Skobov a conclu sa défense comme il terminait ses messages sur les réseaux sociaux : en comparant Vladimir Poutine à Hitler, en dénonçant l’offensive militaire du chef du Kremlin et en criant « Gloire à l’Ukraine ! » Ce professeur d’histoire de 67 ans a été condamné vendredi 21 mars par un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg à seize ans de prison. Il a été reconnu coupable d’« apologie du terrorisme » et de « participation aux activités d’une communauté terroriste ».
Arrêté le 3 avril 2024, M. Skobov avait publiquement soutenu les attaques ukrainiennes sur le pont de Crimée qui relie la Russie à la péninsule annexée par Moscou. Et il avait appelé au soutien des volontaires russes combattant aux côtés de l’armée ukrainienne. Très vite après son incarcération, M. Skobov a été envoyé dans un centre de détention psychiatrique. Comme en 1976. Dissident antisoviétique, il avait alors été arrêté pour avoir publié un magazine antigouvernemental, condamné et forcé de suivre pendant trois ans un traitement psychiatrique dans un hôpital pénitentiaire.
« Alexander était et restera un dissident fanatique. Il ne cède jamais. Ni dans les mots. Ni dans les actes. Il savait qu’il risquait, pour la troisième fois de sa vie, de finir en prison », confie un ami qui, joint par Le Monde au téléphone, préfère rester anonyme. Après sa première manifestation anti-Kremlin à l’âge de 19 ans, M. Skobov a créé avec d’autres étudiants à la faculté d’histoire de Leningrad (Saint-Pétersbourg) une organisation clandestine dont les tracts, lancés depuis les toits, appelait au « socialisme humaniste ». Il se disait « marxiste n’acceptant pas le régime soviétique ».
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