Sabine Azéma, en 2023.

Sabine Azéma vient de retrouver son « mari de cinéma », André Dussollier, dans N’avoue jamais, une comédie d’Ivan Calbérac, en salle le 24 avril. Récompensée par deux Césars de la meilleure actrice, l’ancienne compagne d’Alain Resnais, qui lui a offert de très beaux rôles (Mélo [1986], Smoking/No Smoking [1993], On connaît la chanson [1997]), n’a jamais cessé de tourner. Agée de 74 ans, toujours pétillante, elle travaille à l’écriture d’une bande dessinée et va prochainement jouer dans un film italien.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si je n’avais pas autant aimé le jeu. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours joué. Enfant, j’inventais des histoires, j’en écrivais, je distribuais les rôles à mes camarades d’école ou, à la maison, à mes deux petites sœurs. Je construisais des décors avec ce qui me tombait sous la main, je prenais des bouts de tissu pour en faire des costumes. Je passais ma vie à monter des spectacles. Je faisais payer le public, c’est-à-dire ma famille. Je me suis toujours sentie comme un mouton échappé du troupeau et en même temps j’aime rassembler. J’ai toujours voulu mettre la vie en scène, je la trouve plus intéressante comme ça. Le jeu, ce n’est pas forcément être acteur, c’est une façon d’être au monde, de vouloir provoquer de la surprise chez l’autre. Ça peut être, par exemple, se cacher derrière un arbre pour surprendre quelqu’un et le faire tressaillir.

Actrice dès le berceau, donc ?

Mes parents, mes grands-parents m’ont toujours dit que je faisais du spectacle, de la comédie, avant même de savoir parler. Je suis très émotive et le jeu me permet de sortir toutes ces émotions qui parfois me submergent. J’ai vraiment le jeu en moi depuis toujours. Pourtant, je ne me suis jamais dit : « Je veux être actrice. » Mais, au collège, quand mes parents m’ont proposé de faire de l’équitation, j’ai répondu que je préférais rejoindre un cours de théâtre. Il y en avait un au lycée Carnot. Je me souviens de la réflexion du professeur en me voyant : « Mais elle a encore du lait sur les lèvres celle-là ! » J’étais vraiment très jeune. C’est là que tout a commencé. J’ai participé à des concours interscolaires, ce sont des souvenirs merveilleux. Un jour, mes parents m’ont dit : « C’est bien tout ça, mais passe ton bac, on verra après. »

Comment vos parents étaient-ils ?

Mon père était avocat, ma mère s’occupait de nous, comme cela se faisait à l’époque. Ils avaient tous les deux une fibre artistique. Ma mère aurait rêvé d’être pianiste, elle était douée, mais jouait en secret pour qu’on ne l’écoute pas. Mon père nous emmenait tous les dimanches au Louvre, il nous a initiées à la peinture, à l’art. Nous avions un pied dans la ville, puisque je suis née près de la tour Eiffel, et un pied à la campagne auprès de mes grands-parents qui habitaient en Sologne. Je les adorais, ils étaient très drôles, joueurs et cultivés. Mon grand-père nous a appris à chanter, il était vétérinaire et avait également un côté artiste très développé. Il avait écrit un livre et était passionné par la chanson.

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