La première pierre de ce chantier majeur a été posée vendredi 14 mars 2025.
La basilique, nécropole des rois de France, va retrouver sa flèche, démontée en 1846.
Un projet inédit, que les Dionysiens espéraient depuis longtemps.

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LE WE 20H

C’est une opération inédite. Reconstituer un élément de monument historique depuis longtemps disparu. C’est ce qui est sur le point d’arriver à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dont la basilique va retrouver sa flèche, dont elle était privée depuis le milieu du XIXᵉ siècle. Depuis quelques jours, autour du monument, les Dionysiens peuvent entendre des bruits inhabituels qui viennent se mêler au son des cloches. Le cliquetis provient de l’atelier des tailleurs de pierre, installé à côté de l’édifice, que l’on découvre dans le reportage du 20H ci-dessus.

Les mêmes techniques qu’au XIIᵉ siècle

Les artisans sont à pied d’œuvre, comme leurs lointains prédécesseurs du XIIᵉ siècle, pour refaire les mêmes gestes, et les mêmes outils. « L’idée, c’est de retrouver les finitions, les aspects, le travail du bâtiment en question. Donc l’outil va directement nous donner une finition au plus proche du style du bâtiment », explique au micro de TF1 la tailleuse de pierre Mathilde Bretz. Certains de ces artisans ont travaillé sur le chantier de Notre-Dame de Paris et les voilà embarqués dans un autre projet grandiose. 

C’est en fait la concrétisation d’un vieux rêve. La tour nord de la basilique, trop fragilisée après avoir été frappée par une violente tornade, avait été démontée en 1846. Elle va reprendre sa place avec cette flèche qui s’effile à son sommet, jusqu’à 86 mètres. Elle redonnera au monument son visage perdu depuis presque deux siècles. 

Un plan précieux pour la reconstruction

L’architecte en chef des Monuments historiques nous emmène au cœur du chantier, à 30 mètres au-dessus des voutes. « Alors ici, nous sommes à l’intérieur de la ‘souche’, ce qui nous reste de la tour médiévale », explique Christophe Botttineau. Il reste aussi le début d’un escalier à vis qui montait en tournant dans l’obscurité. Au XIXᵉ siècle, le démontage s’était fait pierre par pierre et l’on avait pris le soin de dresser un plan précis de chaque niveau dans le but de la reconstruire à l’identique. C’est ce relevé d’époque qui a permis de réaliser une modélisation 3D. « Si on n’avait pas su comment la tour avait été construite, jamais on aurait pu envisager un projet de reconstruction puisque là, on ne reconstruit pas quelque chose que l’on invente, on reconstruit exactement ce que l’on connaît », souligne l’architecte. 

Nécropole royale

Les pierres taillées au pied de l’édifice sont hissées jusqu’à cette plateforme, où les ouvriers accèdent par l’étroit chemin de ronde. Il en faudra précisément 15.228, qui seront agencées au millimètre près. C’est tout un art, comme on le voit avec le travail en cours pour la reconstruction d’un petit porche. 

Pour comprendre l’importance de la basilique de Saint-Denis dans l’histoire de France, il faut descendre dans la crypte, sous l’autel, là où repose Saint-Denis. Le premier évêque de la ville qui s’appelait encore Lutèce, future Paris, fut un des premiers martyrs de l’ère chrétienne, au IIIᵉ siècle. « C’est son culte qui a généré le fait que d’autres personnes ont voulu se faire enterrer tout autour pour bénéficier de l’aura de sainteté de Saint-Denis. La première personne royale à être enterrée à Saint-Denis, c’est la reine Arégonde au VIᵉ siècle, avant le roi Dagobert », raconte Anne-Marie Helvétius, professeure d’histoire médiévale à l’université Paris 8. Les successeurs du bon roi Dagobert ont imité son exemple en choisissant Saint-Denis comme dernière demeure, et la basilique est devenue une nécropole royale.

Les Dionysiens, connaîtront bientôt la réparation d’un vieux traumatisme, et la fin d’une très longue attente. « On en parle, on en parle, quand est-ce qu’elle arrive ? C’est assez fou de se dire qu’après cet orage qui est passé il y a longtemps, on va la voir rebâtie », témoigne une habitante de la ville. Le chantier devrait coûter 37 millions d’euros et durer cinq ans.


La rédaction de TF1info | Reportage : Michel IZARD, Nathalie PELLERIN, Bixente HACALA

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