Liberté, Egalité, Fraternité. Le triptyque républicain trône, en majuscules et en majesté, sur la conque du temple Arthur-Groussier. Là, une fresque représente, au centre, une femme tenant une épée et un delta lumineux ; à sa gauche, une esclave l’implore de briser ses chaînes. Le 17 mai, ce temple, le plus vaste de l’hôtel du Grand Orient de France, à Paris, a confronté la musique de Mozart à celle du Chevalier de Saint-George. Neuf mois plus tôt, ce dernier avait reçu, seul, les honneurs de la même salle. A chaque concert, les 250 places ont aisément trouvé preneur.

Compositeur éclectique et éclatant, né en 1739 ou en 1745 à la Guadeloupe, d’un planteur et d’une esclave, mort en 1799 à Paris, Saint-George est considéré comme le premier Noir à avoir rejoint la franc-maçonnerie française. Le 17 mai, le spectacle était suivi d’une dédicace de la biographie d’Alain Guédé, Monsieur de Saint-George. Un rival de Mozart, dont une édition revue et augmentée est parue fin mars chez Actes Sud. « Son quatuor en si bémol majeur, opus 2, porte clairement une signature maçonnique », avance l’écrivain, qui décèle dans cette « marche vers la lumière » un écho du rituel d’élévation au grade de maître. Et de développer : « Le côté christique de Mozart parle aux initiés de la Grande Loge nationale. Ceux du Grand Orient, plus anticléricaux, restent sur leur faim ; entre Saint-George et eux, il y a quelque chose qui passe, une complicité, une ferveur. »

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