Depuis plusieurs mois, le milieu du football bruisse : une volonté politique menace de dissolution plusieurs groupes et associations de supporteurs de clubs de football de Ligue 1 et de Ligue 2. Une telle décision révélerait une incompréhensible méconnaissance du fonctionnement des tribunes de football et du rôle réel des groupes de supporteurs « ultras », qui seraient ainsi opportunément assimilés au hooliganisme.

Bien évidemment, nous ne pouvons que souscrire à la nécessité d’éradiquer toute forme de violence ou de comportement haineux dans et aux abords des stades. C’est dans cette optique que la France s’est dotée d’un arsenal législatif unique, donnant à trois autorités distinctes la compétence d’interdire individuellement de stade les fauteurs de troubles : la justice, les préfectures et les clubs.

Mais il est tout aussi évident que le recours à des mesures collectives comme les dissolutions serait une très mauvaise réponse à un vrai enjeu et relèverait de la « fausse bonne idée » en matière de sécurité.

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La présence de cadres bénévoles et d’interlocuteurs clairement identifiés dans les tribunes populaires, organisées autour d’associations agissant en véritables « partenaires », est en effet une condition favorisant le nécessaire dialogue entre les clubs, les forces de sécurité, les instances sportives, les pouvoirs publics et les supporteurs.

La disparition de structures et d’individus connus du paysage du « supporteurisme » dégraderait la capacité à gérer les foules, à réguler les conflits en tribune, à organiser et sécuriser les déplacements à l’extérieur et à juguler les comportements individuels répréhensibles (dérives racistes et identitaires telles que l’on en connaît dans certains stades, violence physique, etc.).

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La plupart des clubs, l’instance nationale du supportérisme (INS), mais aussi des acteurs territoriaux de la sécurité ne disent pas le contraire, voire redoutent de devoir être contraints de gérer chaque semaine des situations potentiellement bien plus complexes voire dangereuses que ce que nous connaissons aujourd’hui. La dissolution de groupes ouvre en effet la voie à l’arrivée de groupes plus radicaux que les associations actuelles ne pourront plus juguler et rendra impossible la collecte d’informations indispensables pour l’organisation anticipée et documentée de la sécurité des rencontres.

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