Le Maroc est l’invité d’honneur du Salon de l’agriculture, à Paris.
Mais certains agriculteurs français dénoncent une « concurrence déloyale » de leurs homologues marocains.
Avec un produit érigé en symbole : la tomate.
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Le Salon de l’agriculture 2025
Le secteur de la tomate peut-il enrayer des relations diplomatiques ? Il crée en tout cas des polémiques en plein Salon de l’agriculture (SIA). Lors de cette 61ᵉ édition, le Maroc est l’invité d’honneur de l’événement du Parc des expositions de Paris. Son Premier ministre Aziz Akhannouch a même inauguré le Salon, samedi 22 février, aux côtés d’Emmanuel Macron. Ce qui n’empêche pas les agriculteurs français de dénoncer la « concurrence déloyale » de l’agriculture marocaine, symbolisée par la tomate.
Selon certains d’entre eux, elle marque la « perte de souveraineté » agricole française. L’association de producteurs Tomates et Concombres de France a ainsi dénoncé l’augmentation des importations de tomates marocaines en France de près de 8% en 2023, avec environ 400.000 tonnes.
Retrouver « la complémentarité des filières »
Or, pour le président de l’interprofession française des fruits et légumes (Interfel), Daniel Sauvaitre, les « règles du jeu » ne sont pas les mêmes dans les deux pays. Face à des « barquettes de tomates cerise marocaines à 0,99 euro en supermarché en France », les producteurs français « ne peuvent pas lutter », estime-t-il, rappelant que le coût de la main d’œuvre a augmenté pour les maraîchers de « 13% depuis 2020 ». Il appelle à retrouver « la complémentarité des filières », qui existait il y a quelques années quand la tomate venait du Maroc l’hiver, « quand la France n’en produisait pas », alors que « maintenant, elles viennent toute l’année ».
Interrogé par l’AFP, le président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), Rachid Benali, appelle à « ne pas réduire les échanges à un produit ». « Se focaliser sur un produit, comme la tomate, n’a pas de sens », indique-t-il. « Le Maroc exporte ses tomates dans le cadre d’un accord avec l’Union européenne, qui permet d’exporter un contingent de 280.000 tonnes sans droits de douanes. Au-delà, ce sont les règles du commerce international qui s’appliquent, à nous comme aux autres. »
« Nous exportons notre tomate vers la France, mais nous importons beaucoup d’autres choses », fait-il encore valoir. « Nous importons du bœuf du Brésil parce qu’il est moins cher à produire que chez nous, comme nous importons du blé français » du fait de la sécheresse persistante qui frappe le Maroc. Dans le cas de la tomate, entre en jeu ce qu’il appelle « le coût de revient climatique » : il est paradoxalement plus facile pour le Maroc de faire de la tomate sous serre que d’irriguer ses plaines céréalières.
À l’issue d’une rencontre bilatérale, les ministres marocain et français de l’Agriculture, Ahmed El Bouari et Annie Genevard, ont appelé « les professionnels français et marocains du secteur des légumes à renforcer leur coopération et leur dialogue sur les questions agricoles, à l’occasion du SIA, face aux défis et aux enjeux communs auxquels ils sont confrontés ».