Le groupe pharmaceutique Sanofi va investir 20 milliards de dollars aux États-Unis sur les cinq prochaines années.
Le géant français a pourtant bénéficié d’une large aide publique en France, via le crédit d’impôt.
L’entreprise manque-t-elle de patriotisme économique, comme le dénoncent certains ?
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LE WE 20H
À Bercy, l’annonce ne passe pas. Le géant pharmaceutique français va investir au moins 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) aux États-Unis sur les cinq prochaines années. Le marché américain est l’un des plus importants pour Sanofi. Il représente 50% de ses ventes, mais seulement 25% de sa production, selon l’entreprise. Elle rejoint d’autres grands noms mondiaux de la pharmacie, comme Eli Lilly, Johnson & Johnson, Merck, Roche et Novartis, dans leurs projets annoncés d’investissements.
Ce qui choque en France, c’est que Sanofi bénéficie ici d’aides publiques de crédit d’impôt : environ un milliard et demi d’euros ces dix dernières années. « C’est un mauvais signal », a réagi ce jeudi le ministre de l’Économie, Eric Lombard, quelques semaines après que le président français a appelé les entreprises françaises à geler leurs investissements outre-Atlantique. L’entreprise manquerait-elle de patriotisme économique ? C’est ce qu’ont voulu savoir les sénateurs lors de l’audition des patrons du groupe.
« Sanofi ne délocalise pas »
Qu’ont-ils fait des 108 millions d’euros de crédit d’impôt recherche dont ils bénéficient chaque année ? Charles Wolf, le directeur France de Sanofi l’affirme : « Sanofi ne délocalise pas ». Les aides publiques ont financé par exemple la création d’un nouveau site de recherche près de Lyon, inauguré il y a un mois, et qui emploie 300 scientifiques, selon l’entreprise.
« En aucun cas l’investissement aux États-Unis ne remet en cause les plans de développement en France et en Europe », précise Sanofi ce vendredi dans un communiqué. Des explications qui peinent à convaincre les oppositions. « C’est plus de 4,4 milliards de versements de dividendes, c’est du rachat d’actions, des aides publiques, notamment sur les questions de recherche et de développement », estime le sénateur PCF Fabien Gay, « et pourtant, c’est de la destruction d’emplois ».
« Le crédit d’impôt recherche, s’il y avait un détournement indirectement, c’est-à-dire que les fonds n’étaient pas utilisés pour développer de la recherche en France, l’entreprise doit bien entendu rembourser », estime quant à lui le député RN Thomas Ménager. Emmanuel Français, de son côté, considère que l’investissement de Sanofi aux États-Unis n’est pas nouveau et ne constitue « pas un problème », dans une interview accordée la presse régionale ce vendredi. À présent, le gouvernement attend de Sanofi des contreparties, à savoir davantage d’investissements sur le territoire national dans les prochaines années.