Le changement climatique exerce une pression de plus en plus tangible sur la production agricole européenne, alors même que les agriculteurs sont encouragés à réduire l’irrigation, l’usage d’engrais et de pesticides. La sélection variétale peut aider à adapter les cultures à ces nouveaux défis, mais les investissements scientifiques sur la biologie des plantes sont-ils à la mesure de l’enjeu ?

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L’industrie et la société n’attendent pas de la recherche académique la production de solutions toutes faites, utilisables immédiatement, mais bien plutôt d’ouvrir des perspectives. Les découvertes peuvent ensuite être discutées et exploitées. La sélection végétale ne s’écarte pas de ce schéma général de l’innovation : les sélectionneurs du secteur privé sont efficaces dans la mise en œuvre et la diffusion des innovations, mais dépendent de la recherche fondamentale pour identifier les traits de résilience des plantes.

L’investissement nécessaire au développement et à la mise sur le marché d’une nouvelle variété de céréale de grande culture est, sur dix ans, d’environ 15 millions d’euros. Pour les espèces dites « marginales », c’est-à-dire moins travaillées par les sélectionneurs, le coût est encore plus élevé. Ces plantes sont toutefois indispensables à la diversification des cultures. Malgré cet enjeu stratégique, la Commission européenne a alloué seulement 0,5 % de son budget à la biologie et à l’amélioration des plantes, dans le programme pour la recherche et l’innovation Horizon 2020 (2014-2020) doté de 80 milliards d’euros. Une répartition budgétaire qui ne devrait pas évoluer dans le programme Horizon Europe (2021-2027).

La photosynthèse, un levier-clé

Les aléas climatiques réduisent la production végétale des agro-écosystèmes. A l’avenir, leur intensification va compromettre la sécurité alimentaire de la population. Il est donc nécessaire de développer des stratégies d’adaptation pour maintenir la production agricole. L’Organisation des Nations unies (ONU) prévoit que la population mondiale atteindra 8,5 milliards d’individus en 2030, puis passera à 10,4 milliards vers 2100. Même dans le cadre du scénario « milieu de la route », où la neutralité carbone serait atteinte d’ici à la fin du siècle, le réchauffement climatique atteindra 2,5 °C, et les événements climatiques extrêmes seront plus fréquents.

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