Depuis un an, nous sommes témoins à Gaza de violences extrêmes contre les civils. Au cours des derniers mois, nous nous sommes rendus à Gaza afin de soutenir les équipes de Médecins sans frontières (MSF) sur place, et avons visité la « zone humanitaire », déclarée sûre par Israël qui l’attaque pourtant régulièrement.

Le 13 novembre, un projectile est tombé à 250 mètres de notre clinique, sans préavis. Près de 1,5 million de personnes, déplacées de force, ont été contraintes de se rendre dans la zone humanitaire et y survivent dans une grande précarité. Si cela est possible, nos collègues nous racontent, dans le Nord, une situation pire encore.

Depuis début octobre, la population des districts de Beit Hanoun, Jabaliya et Beit Lahya, dans le nord de Gaza, est soumise à l’une des attaques les plus violentes depuis le début de la guerre. L’armée israélienne bombarde des quartiers entiers, multipliant les massacres, tout en émettant des ordres d’évacuation impossibles à suivre. Parmi ceux qui essayent de fuir, beaucoup se sont fait bombarder ou tirer dessus, tandis que d’autres ont été arbitrairement arrêtés et détenus.

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Nos collègues et leurs familles sont les témoins directs et impuissants de la férocité de l’offensive. Ils ont peur de mourir et à juste titre.

Le 10 octobre, notre collègue Nasser Hamdi Abdelatif Al Shalfouh a été tué par des éclats d’obus. Le 14 octobre, un physiothérapeute de MSF et son fils ont été blessés. Le 24 octobre, Hasan Suboh, un employé de MSF, a été tué dans une attaque israélienne sur le bâtiment où il se trouvait à Khan Younès. Au total, huit de nos collègues ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023.

Aide humanitaire dérisoire

Après deux semaines de siège total début octobre, Israël a autorisé l’entrée de quelques camions humanitaires dans le nord de Gaza. Cela est dérisoire par rapport à la quantité d’aide qui serait nécessaire.

Début octobre, les forces israéliennes ont assiégé les trois principaux hôpitaux de la zone, l’hôpital indonésien, Al-Awda et Kamal-Adwan, où se trouvaient des centaines de patients. Le 19 octobre, un médecin de MSF, qui s’était réfugié dans l’hôpital Kamal-Adwan, décrivait la situation désastreuse dans la structure assiégée, débordée de patients et manquant de matériel médical. Entre le 25 et le 28 octobre, puis début novembre, l’hôpital a été attaqué par les forces israéliennes, qui ont également arrêté et détenu des dizaines de travailleurs médicaux, dont le docteur Mohammed Obeid, l’un de nos collègues.

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