Si les amendes et les points perdus sont les mêmes partout en France, chaque préfet peut modifier le barème des sanctions administratives contre les chauffards.
C’est notamment désormais le cas dans la Somme, où s’est rendue une équipe de TF1.

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Le 13H

L’alerte est donnée. Une Tesla roule à grande vitesse sur l’autoroute. Des gendarmes en embuscade se mettent en quête de cette voiture en infraction. « Le motif du contrôle, c’est la vitesse, Monsieur. Vous avez été flashé à 164 km/h au lieu de 130 km/h. C’est deux points et une amende à 135 euros qui est minorée à 90 euros », indique au contrevenant l’adjudant Dorian du peloton motorisé de Roye (Somme), dans le reportage du JT de TF1 en tête de cet article. « C’est le jeu, c’est comme ça, c’est normal », réagit l’homme en infraction. 

Et ce conducteur n’est pas le seul à être verbalisé le jour du reportage de TF1. Ici, les contrôles de gendarmerie sont renforcés, car dans la Somme, la mortalité routière a augmenté cette année : +36% de tués et +20% de blessés graves comparés à l’an passé.  « L’idée, c’est prévention maximale, contrôles renforcés et sanctions maximales, parce qu’on ne peut pas accepter que de nouveau, on ait des chiffres qui endeuillent beaucoup trop de familles », affirme face à notre caméré Rollon Mouchel-Blaisot, le préfet de la Somme.

En effet, le montant des amendes et le nombre de points perdus pour les grandes infractions routières sont les mêmes partout en France, mais chaque préfet, en concertation avec la justice, peut modifier le barème des sanctions administratives dans son département, soit le délai de suspension du permis de conduire. Depuis le 1ᵉʳ septembre, dans la Somme, la suspension du permis pour un grand excès de vitesse peut ainsi monter jusqu’à douze mois, contre la moitié auparavant, huit mois au lieu de six pour des stupéfiants, et neuf mois pour un refus d’obtempérer. Tout dépend des circonstances et de l’état du conducteur, alcoolisé ou non.

TF1

La dissuasion et la prévention ont leurs limites.

Commandant Polion de l’escadron départemental de la sécurité routière

La nuit suivante, à la sortie d’une boîte de nuit à Albert (Somme), quatre suspensions de permis vont être ordonnées. Mais cela ne se passe pas toujours dans le calme. Un chauffeur, contrôlé avec 0,5 gramme d’alcool, a interdiction de reprendre la route quand soudain, il prend la fuite. Aussitôt poursuivi par les gendarmes, il est retrouvé quelques minutes plus tard après avoir abandonné sa voiture sur le côté de la route. Placé en garde à vue, la préfecture décidera de sa sanction en tenant compte de cette circonstance aggravante. « Face à des comportements dangereux tels que celui-ci, on est obligé d’augmenter les sanctions. La dissuasion et la prévention, on le voit, ont leurs limites », affirme le commandant Polion de l’escadron départemental de la sécurité routière. 

La Somme n’est pas le seul département à renforcer ses mesures. En juillet dernier, l’Eure-et-Loir avait par exemple déjà décidé de durcir ses sanctions au vu des chiffres accablants du premier semestre 2024 dans le département, avec des accidents en hausse de 10% et un nombre de blessés en progression de 18%. Pour tenter d’enrayer cette spirale, le préfet, Hervé Jonathan, avait indiqué dans l’Écho républicain que « la durée de la suspension du permis de conduire pour des faits graves, comme les excès de vitesse et l’alcool au volant, passait de 9 à 12 mois ». Tandis que le refus d’obtempérer fait aussi l’objet d’une suspension pouvant aller « jusqu’à douze mois en cas de circonstances aggravantes ».

Même mot d’ordre en Ille-et-Vilaine où depuis le début de l’année 2024, 30 personnes ont déjà perdu la vie sur les routes, contre 24 à la même période l’an dernier. Le préfet Philippe Gustin, soulignant que son département était jusqu’ici plus laxiste que le reste de la Bretagne, a adopté depuis le mois de septembre un nouveau barème de suspension du permis de conduire : en cas de conduite en état d’ivresse ou de vitesse excessive, les conducteurs peuvent écoper dans certains cas de deux mois de suspension supplémentaires et de dix mois en cas de récidive. Les personnes contrôlées au volant avec à la fois de l’alcool et des stupéfiants se verront également suspendre leur permis jusqu’à huit mois. 


V. F | Reportage TF1 Manon Debut, Max Ragazzi, Tanguy Joire

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