
Les occasions d’admirer en France des œuvres du peintre américain Brice Marden (1938-2023) sont rares. Ce serait une première raison d’aller voir la cinquantaine d’œuvres sur papier montrées par la galerie Gagosian, à Paris, toutes datant des deux dernières décennies et venues de l’atelier de l’artiste. La deuxième est qu’il ne s’agit pas de succédanés de plus petit format de toiles originales mais que ces travaux naissent d’expériences spécifiques et complexes.
Il y entre du crayon, des encres, des gouaches, des bâtons de couleurs à l’huile. La qualité et le format des feuilles sont soigneusement choisis. Beaucoup ne sont pas entièrement peintes, l’artiste ménageant des marges blanches de différentes largeurs. Quand l’expansion des couleurs recouvre toute la surface, celle-ci est divisée géométriquement entre zones monochromes et zones où les entrelacs de lignes colorées se superposent et s’enchevêtrent. Le chromatisme est propre à l’artiste : des verts éteints ou pâles, des rouges sombres, quelques rehauts de jaunes et de bleus. Mais, dans nombre d’œuvres, le blanc et le noir sont seuls, le noir étant alors celui d’une gravure préalablement imprimée sur laquelle l’artiste revient en la recouvrant partiellement. Ces processus d’exécution sont développés en séries cohérentes de variations : cet art est savant et méthodique.
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