
Avec une étrange sérénité, la peinture de Marc Desgrandchamps s’avance de plus en plus loin à l’intérieur un monde inexplicable. Il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir que, si ses toiles ont l’air de représenter des êtres et des lieux, c’est dans un espace où tout se dédouble et s’inverse symétriquement : femmes en robes rayées, piscines, chevaux, arbres nus, collines. D’autres phénomènes visuels se manifestent : des lignes blanches dessinent dans l’air où elles flottent les arêtes de volumes absents et la perspective paraît raccourcir ou s’allonger anormalement selon les angles. Quant aux cieux, aux eaux et aux lointains, il n’en demeure que des voiles diaphanes sous lesquels se devine le vide. C’est bien moins d’onirisme qu’il s’agit ici que d’un trouble profond. Desgrandchamps peint désormais la disparition de toute réalité. On ne saurait être plus actuel.
« En miroir ». Galerie Lelong, 38, avenue Matignon, Paris 8e. Jusqu’au 20 décembre, du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures.

