« Neurotechnologies ». Le terme est encore absent du dictionnaire Larousse, mais ces approches ont déjà commencé à révolutionner la médecine. Depuis mi-octobre, à Marseille, des patients souffrant d’épilepsie sévère, résistants aux médicaments et non opérables, portent cinq jours par semaine pendant vingt minutes un bonnet d’électrodes. Celles-ci lisent les données d’électroencéphalogramme (EEG) et envoient un courant électrique de 2 milliampères. L’objectif de cette neuromodulation, dite « transcrânienne à courant continu », est de diminuer la fréquence des crises.

Soixante-dix patients de sept villes françaises vont participer à cet essai thérapeutique financé par l’Union européenne et conçu par le neurologue Fabrice Bartolomei (CHU la Timone, à Marseille) et le biomathématicien Fabrice Wendling (Inserm, Rennes).

Aux Etats-Unis débute le recrutement, dans 20 centres, de 100 personnes dépressives et ultrarésistantes aux traitements, aptes à recevoir sous anesthésie locale un implant cérébral profond. L’objectif est de stimuler électriquement, à haute fréquence, la zone de leur cerveau identifiée comme dysfonctionnelle. Cette étude randomisée dénommée « Transcend », lancée par le numéro trois mondial des implants cérébraux, Abbott, s’appuie sur les travaux d’Helen Mayberg, pionnière de cette approche à Toronto (Canada).

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En mai, lors du sommet des Nations unies AI for Good, à Genève, en Suisse, le compte X de la start-up française Inclusive Brains a envoyé un message destiné au compte des Nations unies et à celui d’Emmanuel Macron. L’expéditeur, présent dans la salle, portait un casque truffé d’électrodes : les ondes électriques de l’EEG, générées par sa pensée, ainsi que ses mouvements oculaires ont été décodés par un algorithme d’intelligence artificielle (IA) générative, ce qui a permis l’envoi du post sur le réseau social.

Le président français a répondu : « Premier tweet de l’Histoire rédigé et publié par la pensée ! (…) Fierté française ! » Ce message « [leur] a valu des bisbilles avec Elon Musk, qui revendiquait, avec sa société Neuralink, la primauté, en mars, explique le neuroscientifique Olivier Oullier, cofondateur d’Inclusive Brains. Mais la personne avait été opérée et portait un implant. [Leur] expérience a été faite en utilisant des électrodes posées sur son cuir chevelu ». La start-up destine principalement cet outil aux personnes en situation de handicap.

Soigner ou réparer les corps

De 2017 à 2021, Olivier Oullier a dirigé, avec une finalité bien différente, la société californienne Emotiv, numéro un mondial des objets portables pour enregistrer l’activité du cerveau. A moins de 500 euros, celle-ci commercialise écouteurs audio, casques et bandeaux pour analyser les émotions de potentiels consommateurs – avec un objectif de neuromarketing –, ou mesurer les niveaux de stress et d’attention au travail à des fins notamment d’apprentissage et de productivité. Emotiv annonce « 800 000 utilisations » qui lui ont permis de collecter plus de « 100 millions de minutes de données d’EEG » dans 140 pays.

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