La deuxième campagne de réintroduction de l’oiseau s’est achevée le 6 mai dernier.
Avec moins de coqs et de poules capturés que prévu.
Si les associations dénoncent un nouvel « échec » de l’opération, le parc justifie la situation par la mauvaise météo en Norvège.

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Initiatives environnementales

Chaque étape du programme controversé est scrutée. Le 6 mai dernier s’est achevée, dans les Vosges, la deuxième session de réintroduction du grand tétras dans le massif du Grand Ventron, dans les Vosges. Au total, pour cette nouvelle étape, cinq coqs et deux poules ont été capturés en Norvège avant d’être transportés et relâchés dans les montagnes françaises. C’est bien moins que les 40  à 50 oiseaux qui devaient être récupérés à l’origine. 

La faute aux « conditions météorologiques sur les sites de capture norvégiens », indique dans un communiqué le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (nouvelle fenêtre)« Suite à un hiver avec peu de neige et un printemps exceptionnellement doux, les périodes nuptiales, sur les places de chant identifiées en Norvège, ont donc eu lieu plus tôt que prévu. Ce qui a considérablement diminué le nombre d’oiseaux capturables », détaille le parc.

Seulement deux survivants

Des explications qui n’ont pas convaincu les cinq associations qui s’opposent, depuis des mois, à ce programme de réintroduction « voué à l’échec, tant sur les plans écologiques, technique et financier ». Le faible nombre d’oiseaux capturés « souligne surtout l’échec du projet au regard de ses objectifs initiaux », pointent SOS Massif des Vosges, Vosges Nature environnement, Oiseaux Nature, Avenir et Patrimoine 88, et Paysage Nature et Patrimoine de la Montagne Vosgienne dans un communiqué.

Le nombre de grands tétras capturés pour la deuxième session de translocation est en effet inférieur à la première, qui avait vu neuf coqs de bruyère – l’autre nom donné à l’oiseau – capturés et relâchés dans les Vosges en 2024. Avec un bilan lourd : sur ces neuf coqs et poules, seules deux volatils avaient survécu dans le massif français un an plus tard. « Les responsables du projet, notamment le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV), avaient pourtant justifié la première campagne comme non significative en raison de son faible effectif. La promesse d’une seconde opération à plus grande échelle devait, selon eux, ‘apporter enfin des données probantes’. Le très faible nombre des individus effectivement transférés est donc stupéfiant, totalement inconséquent », fustigent les associations.

Le parc, lui, assure que ses équipes « ont poursuivi leur implication afin d’identifier de nouvelles possibilités et techniques de captures qui pourraient être valorisées pour la suite du programme ». Il indique également que le transport et le lâché des sept grand tétras se sont bien déroulés, précisant toutefois que « le suivi [GPS] sur le 6 mai a permis de constater la mort d’une poule », avançant une possible prédation dans cette nouvelle mort dans les Vosges, sans spécifier s’il s’agit de l’un des oiseaux déjà présents dans le parc ou d’un nouveau venu.

La justice doit trancher

L’évolution des nouveaux locataires des Vosges sera ainsi particulièrement scruté pour déterminer s’ils survivent davantage que ceux du dernier lâcher. Le programme de réintroduction du grand tétras doit se dérouler sur cinq ans pour un budget de 230.000 euros par an avec un bilan à deux ans prévu pour adapter la suite de cette opération. La Préfecture des Vosges et le Parc naturel régional des Ballons des Vosges précisent d’ailleurs qu’ils réuniront « prochainement » les « partenaires du projet pour décider des modalités de poursuite du programme ».

Les associations, elles, demandent l’arrêt de ces opérations en raison de « l’irréalisme du projet » avec la réintroduction d’un oiseau dont l’effondrement de la population est lié à des facteurs toujours présents dans la région comme le changement climatique, avec la baisse de l’enneigement, mais aussi les activités touristiques et la fragmentation de l’habitat pour un volatil qui nécessite de grands espaces et beaucoup de calme. 

Après avoir retoqué deux référés déposés par les opposants à la réintroduction du grand tétras dans les Vosges, la justice doit se prononcer sous peu sur un recours en annulation contre l’arrêté de la Préfète des Vosges du 16 avril 2024 autorisant les opérations de capture et de lâcher du coq de bruyère. Initialement prévue mardi, l’audience a été reportée à une date encore inconnue. Les associations, elles, demandent aussi un « moratoire immédiat sur toute nouvelle tentative de réintroduction » de l’oiseau dans les Vosges, « tant que les conditions élémentaires de viabilité, de transparence, et de rigueur scientifique ne sont pas réunies »

Annick BERGER

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