
Une reprise à minima accompagnée d’une lourde casse sociale. Seule l’usine de Dunkerque de l’aciériste en déroute NovAsco (ex-Ascometal) sera reprise par Métal Blanc, trois autres sites étant promis à la liquidation, a décidé la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg, lundi 17 novembre.
Depuis mercredi, les salariés savaient que c’est fini : l’offre choisie, déposée par un consortium d’investisseurs réunis autour de Julien Baillon, à la tête de la PME ardennaise Métal Blanc, ne porte que sur l’acquisition de l’usine de Lefrinckoucke, près de Dunkerque, avait fait savoir mercredi l’un des avocats du Comité central d’entreprise, Laurent Paté, à l’issue d’une audience à huis clos du tribunal.
Les trois autres sites à Saint-Etienne, Custines (Meurthe-et-Moselle) et Hagondange (Moselle) sont ainsi promis à la liquidation. Sur un effectif total actuel de 693 salariés, seuls 144 salariés à Lefrinckoucke conserveraient leur emploi, selon Yann Amadoro, délégué syndical CGT.
Une assemblée générale était prévue lundi à l’aciérie mosellane d’Hagondange, plus grand site du groupe avec 441 salariés, « pour discuter et voter des actions », selon M. Amadoro.
L’autre candidat, l’industriel français Europlasma, proposait de reprendre tous les sites de NovAsco, mais au prix de licenciements massifs à Hagondange, où seuls 75 emplois auraient été sauvés sur 441. Son dossier a toutefois « présenté des faiblesses », selon Me Paté.
Quelques heures avant l’annonce de la décision de justice, le gouvernement a annoncé qu’il allait poursuivre en justice le britannique Greybull, un repreneur « voyou » tenu pour responsable de la situation critique de l’aciérie NovAsco. Le ministre délégué chargé de l’industrie, Sébastien Martin, a déclaré qu’il allait « saisir les tribunaux » contre le fonds d’investissement Greybull qui avait repris le métallurgiste en 2024 et n’a pas tenu ses engagements.
Quatre redressements judiciaires
NovAsco, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, en est à son quatrième redressement judiciaire depuis 2014. Ses déboires ne sont pas uniques en Europe, où l’industrie sidérurgique multiplie les plans de licenciements, souffrant entre autres de la concurrence chinoise, des coûts élevés de l’énergie, ainsi que des difficultés des constructeurs automobiles, gros consommateurs d’acier.
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L’épilogue est particulièrement douloureux pour les métallos de l’usine de Moselle et tout le département déjà durement éprouvé par la désindustrialisation. Vendredi, près de 200 d’entre eux se sont mobilisés sur place, brûlant des pneus avant de lancer une opération escargot sur l’A31 entre Metz et le Luxembourg. Des croix jaunes et rouges étaient posées contre le mur de NovAsco à Hagondange, avec des pancartes où on pouvait lire « Voleurs », « Menteurs » ou « Que fait l’Etat ».
Les salariés se battaient afin d’obtenir des conditions de départ améliorées. L’espoir – ténu – d’une nationalisation s’était envolé après une rencontre jeudi des syndicats avec le ministre délégué à l’industrie Sébastien Martin. « Le ministre a rappelé qu’il était en contact avec l’actionnaire », Greybull, « et a réitéré son souhait que le site ne soit pas démantelé et, s’il venait à être liquidé, reste prêt à accueillir un site industriel rapidement », a déclaré son entourage.
Mais les représentants du personnel ne se faisaient aucune illusion sur une éventuelle contribution financière de ce fonds d’investissement, qui n’avait déjà pas tenu ses engagements pris lors de la reprise du groupe en 2024. Greybull n’avait injecté que 1,5 million sur les 90 millions d’euros promis, tandis que l’Etat avait rempli globalement son engagement d’investir 85 millions, selon les syndicats.
« J’estime qu’il doit aux salariés, aux habitants d’Hagondange et à tout ce territoire 88,5 millions d’euros », a souligné lundi Sébastien Martin, annonçant qu’il allait « engager toute action utile sur le plan tant civil que pénal afin de mettre en cause la responsabilité » de Greybull.

