Dans sa vie, Valérie Lemercier a toujours mis le rire au-dessus de tout.
À l’affiche d’une comédie romantique le 16 avril, l’humoriste est aussi de retour sur scène avec un nouveau spectacle en octobre.
Et comme elle sait si bien le faire, elle a endossé son costume de pitre ce dimanche face à Audrey Crespo-Mara, pour notre plus grand bonheur.

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Sept à huit

Dès la musique du générique, Valérie Lemercier chantonne avec sa voix perchée, fait des mimiques et rit à gorge déployée ou comment transformer une mélodie qu’elle trouve trop mélancolique en un moment drôle. Invitée du « Portrait de la semaine » de Sept à Huit, ce dimanche 6 avril, l’actrice et réalisatrice a décidément placé l’humour au cœur de sa panoplie d’artiste multicartes. « Je suis née dans un milieu agricole, dans une ferme, comme mes parents qui sont nés dans des fermes », affirme-t-elle tout de go, dans le replay de l’émission ci-dessus. Et de préciser : « ce sont des agriculteurs qui jouent au bridge, qui vont au théâtre, qui jouent de la musique. L’agriculture ne veut pas dire inculture », tranche celle qui a grandi dans la campagne normande au milieu de trois sœurs. 

Ma place, c’était depuis l’enfance, depuis toute petite, d’amuser la galerie.

Valérie Lemercier

Une fratrie de quatre filles où elle occupe la deuxième place. « Je ne suis pas celle qui a des responsabilités, ni la petite dernière. Voilà. L’entre deux », souligne-t-elle. Est-ce pour cela qu’elle a toujours voulu se cacher ? « Je ne voulais jamais qu’on me voit, je ne voulais jamais qu’on me photographie. Enfin, j’étais un peu sauvage, pas très souriante », confirme-t-elle, avant d’ajouter que dans sa chambre d’enfant, sa préférence pour s’amuser allait vers un tout petit lieu clos. « Il y avait un grand placard avec des étagères. Je montais sur les étagères et au-dessus, il y avait peut-être deux mètres carrés pour jouer », se souvient-elle. Un refuge nécessaire. « C’était un endroit où personne n’allait, c’était que pour moi, c’est vital », insiste-t-elle. Et lorsque qu’à l’âge de sept ans, elle commence à se dessiner, c’est toujours derrière de nombreuses portes. « Il fallait en ouvrir plusieurs et après, je suis là avec ma peinture et mes livres. C’est quand même comme ça encore que j’aime vivre. Avec ma peinture et mes livres »

Un autre souvenir a façonné celle qu’elle est devenue aujourd’hui, c’est celui de sa mère, très dépressive, qui à chaque repas était en larmes. « C’étaient des repas un peu pesants, donc on faisait un peu du bruit avec les fourchettes », admet-elle. Et au milieu de ce chaos, Valérie Lemercier s’est adjoint un rôle qu’elle n’a jamais quitté. « Ma place, c’était depuis l’enfance, depuis toute petite, d’amuser la galerie. C’est comme ça que j’ai trouvé ma joie. Dès que c’est lourd, il faut toujours faire diversion. Il faut toujours faire rire », avoue-t-elle. Mais comment faire rire une mère dépressive ? « J’imitais les gens qui passaient à la maison. Parfois, c’est une phrase, un mot, un geste, et puis l’imagination fait le reste. Quand on allait au restaurant, je me faisais un peu taper sur les doigts, mais j’étais fascinée par les autres gens qu’on ne connaissait pas, les autres tables. C’était même probablement gênant. J’étais complètement happée par les gens », explique-t-elle. 

Un séjour en hôpital psychiatrique

Valérie Lemercier optera donc pour cette place de pitre en mettant en permanence un peu de distance avec la réalité. Avec toujours cet humour décalé et un goût féroce de la provocation. « Je mets le rire au-dessus de tout », lance-t-elle. Et l’actrice en est convaincue, « de tout ce que j’ai pu faire de films, de spectacles, c’est quand même les trucs drôles qui me semblent les plus intéressants, qui valent le coup », assure-t-elle. Mais parfois le sourire masque un profond mal-être. Et à 23 ans, la fille drôle se retrouve à l’hôpital psychiatrique de Sainte-Anne, à Paris. « J’ai été cueillie probablement par une grosse dépression. Voilà. J’y suis allée avec ma valise et on m’a prise. Ça n’allait pas, je coulais. Je faisais plein de petits boulots, mais je ne faisais pas celui que j’avais choisi. C’était abyssal. On ne peut même plus marcher. Ils m’ont prise au sérieux et ils m’ont gardée », raconte-t-elle. Valérie Lemercier y restera un mois et demi et atteste que cela lui a « sauvé la vie ».

Sa mère, encore elle, a aussi été sa source d’inspiration pour son nouveau rôle dans la comédie romantique de Jean-Pierre Améris : Aimons-nous vivants, aux côtés de Gérard Darmon, en salle le 16 avril. Elle y joue une mère très peu rassurante, un peu borderline, comme l’était finalement la sienne. « Elle n’était pas rassurante, mais quelque part après, on était armée toutes les quatre pour la vie », confie cette touche-à-tout qui joue, imite, chante, écrit, met en scène, réalise ou encore dessine et danse. Elle va d’ailleurs jouer à partir du 15 octobre au théâtre Marigny son sixième spectacle dont elle a à nouveau dessiné l’affiche. « J’aime l’image, j’aime les dessins, j’aime la photo », détaille-t-elle. 

Et de poursuivre : « Ce qui me plait, c’est de fabriquer, de faire quelque chose avec mes mains et de raconter des histoires, de raconter les gens (…) Parce que c’est comme ça que je me sens bien. Si je vais mal, donnez-moi du linge à repasser. Donnez-moi une pile de linge et un bon fer, et puis quand j’ai fini ma pile, je suis contente. Il y a toujours un peu de repassage à faire quand ça va mal », ironise-t-elle. Une ultime pirouette pour cette pince-sans-rire, toujours à la recherche du bon mot pour « amuser la galerie ».

Virginie FAUROUX | Propos recueillis par Audrey CRESPO-MARA

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