Logo de PayPal, système de paiement privé qui a lancé un « stablecoin » adossé au dollar en 2023. A Saint-Denis, durant LeWeb2013, le 10 décembre 2013.

Le soutien du président des Etats-Unis aux monnaies privées – notamment aux jetons numériques dits « stables », adossés au dollar – représente peut-être son plus grand défi à l’ordre international existant et notamment à l’Europe. Dans une tribune diffusée fin septembre par la Banque de France, Agnès Bénassy-Quéré, seconde sous-gouverneure de l’institution, parle d’un « enjeu de souveraineté » pour qualifier la dépendance de la France, et, plus largement, celle de l’Europe, envers des outils privés de paiement, qui sont essentiellement états-uniens : les réseaux de cartes de débit/crédit dominants aujourd’hui, les monnaies numériques (jetons ou monnaies des Gafam) demain.

Parmi toutes les fonctions de la monnaie, celle de paiement est souvent minorée, tant elle semble aller de soi. Pourtant, les transformations des moyens de paiement ont toujours reflété la tension, inhérente à la monnaie, entre l’initiative privée et l’action publique comme entre les niveaux national et international. Sur le temps long, les autorités publiques ont mieux réussi à imposer l’usage d’unités de compte dans les contrats – comme en France, dès le XIVe siècle – qu’à contrôler les moyens de paiement, largement laissés à l’initiative privée. C’était bien sûr le cas des lettres de change ou des dépôts bancaires, réservés au monde marchand.

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