Il est de bon ton de célébrer le pape François : le personnel politique mondial le plus hétéroclite s’est ému de sa mort et s’est pressé à ses obsèques. Même ceux dont le défunt avait eu le courage de dénoncer clairement, dans sa « Lettre aux évêques des Etats-Unis d’Amérique », le 10 février, le projet de « déportations de masse » de personnes migrantes font mine d’avoir été marqués par son pontificat, alors qu’ils s’activent pour faire élire un pape plus aisément malléable et moins critique de leur idéologie.

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On pourrait se féliciter, en tant que catholique, de cette « influence » planétaire, pourtant tout se passe comme si elle avait pour fonction de faire oublier le sens même du pontificat de François. Il est des célébrations qui font oublier ce qui est à célébrer : tel est le paradoxe commun à l’idolâtrie et à l’opportunisme mensonger. Or, si l’on essaie de prendre au sérieux la prédication de François, et celle du Christ sur laquelle il se fonde, on découvre une conception et une pratique du pouvoir originales.

Il serait saugrenu de sacraliser le pape François, lui qui, comme le soulignait Isabelle de Gaulmyn dans La Croix L’Hebdo (no 280, 25 avril 2025), a pratiqué « une sorte de désacralisation ». De sa manière de se vêtir – qui refusait certains attirails pontificaux – à son lieu de vie – la résidence Sainte-Marthe – en passant par sa façon d’accueillir des visiteurs – sans trop de filtres protocolaires –, le pape s’est voulu accessible. Et à une certaine distance de son propre pouvoir : alors qu’il était favori lors du conclave qui a finalement élu Benoît XVI, on dit qu’il aurait décliné la charge. Au moment où il est élu, au lieu de bénir majestueusement la foule, il s’incline et demande aux gens de prier pour lui, évêque de Rome, en se présentant comme serviteur plutôt que comme pasteur. Son testament stipule : « Le sépulcre doit être dans la terre, simple, sans décoration particulière et avec la seule inscription : Franciscus. »

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