En 2023, les fraudes à l’assurance automobile ont atteint 236,8 millions d’euros en France.
Avec les progrès de l’IA, les assureurs redoutent de recevoir plus de photos truquées.
Regardez ce reportage du JT de TF1.

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Le 20H

L’intelligence artificielle, complice des fraudeurs à l’assurance auto. Avec elle, il est désormais possible de générer en quelques clics une fausse image pour simuler un accident. Certains automobilistes malhonnêtes n’hésitent pas à utiliser cette technologie pour inventer un sinistre de toutes pièces, obligeant les sociétés d’assurance à redoubler de vigilance. Aujourd’hui, le passage d’un expert n’est plus systématique. Dans certains cas, l’indemnisation peut être accordée sur la base de simples photos. 

Et pour détecter ces fraudes, c’est un peu comme jouer au jeu des sept différences. Donatien Levesque, directeur des sinistres chez Direct Assurances, en fait la démonstration dans le reportage du 20H de TF1 visible en tête de cet article. En comparant la photo prise le jour de la signature du contrat avec celle que vient de lui envoyer un assuré, cet expert repère rapidement des anomalies.

« Si on regarde de très près, on se rend compte que ça a été modifié. Il y a une fausse plaque qui a été mise sur le véhicule en trafiquant l’image », souligne-t-il.  « L’objectif du fraudeur est d’acheter un véhicule accidenté, pas cher, de faire payer l’assurance pour remettre le véhicule en état et de pouvoir bénéficier d’un véhicule comme neuf« , explique le spécialiste. Une réparation comme ça, ça peut aller jusqu’à 2.500 euros pris en charge totalement par l’assurance« , ajoute-t-il.

Des outils à la portée de chacun

Pour savoir à quel point il est facile de créer une image convaincante de dégâts fictifs, notre équipe a fait appel à Caroline Philips, une experte en intelligence artificielle. Avec son aide, il n’a fallu que quelques minutes au programme informatique pour générer une photo convaincante (voir l’image ci-dessous). « Les algorithmes se sont améliorés, mais d’une manière fulgurante. Et donc, aujourd’hui, on est capable de produire des images assez précises et de très bonne qualité« , souligne cette spécialiste devant notre caméra.

TF1

Les cas de fraude explosent depuis 2023

En 2023, la fraude à l’assurance automobile s’élevait à 236,8 millions d’euros, contre 188 millions d’euros en 2022, rapportait en octobre dernier (nouvelle fenêtre) l’UFC-Que Choisir, citant des données de l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (ALFA). Selon Frédéric Alves, garagiste à Écouen (Val-d’Oise), cette hausse s’explique par la dématérialisation des procédures. « Aujourd’hui, tout se fait à distance sur des plateformes numériques. Les experts, en fait, c’est juste un système de chat et d’échange avec des photos ou des vidéos« , pointe-t-il auprès de TF1.

Pourtant, à en croire ce professionnel, il est relativement simple de repérer une fausse image. De fait, quand on lui montre le cliché réalisé avec l’experte en IA, ce garagiste ne se fait pas berner. « Ce n’est pas possible d’avoir un choc et un plastique abîmé de cette façon. Même le phare, en fait, ne peut pas se casser de cette façon. Quelqu’un qui est dans le métier voit tout de suite que ça a été modifié« , affirme-t-il.

Un délit passible de 5 ans de prison

Pour lutter contre les fraudes, les assureurs utilisent aussi l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, les assurés sont parfois amenés à utiliser l’application de leur assurance pour signaler un sinistre. L’envoi des clichés se fait via une procédure sécurisée, de sorte qu’il est impossible d’envoyer une image trafiquée ou postdatée. « L’heure, la date et le lieu sont collectés avec la photo« , précise Aurélien Sudre, directeur technique de Weproov, une société spécialisée dans les outils d’inspection des véhicules. 

Après réception, une intelligence artificielle génère un rapport détaillé. « L’idée, c’est d’offrir la meilleure fiabilité pour que l’assureur puisse prendre les meilleures décisions concernant l’indemnisation des assurés« , indique le directeur de Weproov. En bout de chaîne, c’est toujours un salarié gestionnaire de sinistres qui regarde en détail les dossiers mis de côté par la machine, et détermine s’il y a fraude ou pas. Pour rappel, la fraude à l’assurance auto est un délit passible de 5 ans de prison et de 375.000 euros d’amende.

La rédaction de TF1info | Reportage : Chloé Barbaux, Hortense Villatte

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