• Australie, Canada, États-Unis… Plusieurs pays proposent aux défunts d’utiliser de l’eau chaude pour décomposer leur corps.
  • L’aquamation consomme très peu d’énergie, n’émet quasiment pas de gaz à effet de serre et n’utilise aucun métal lourd.
  • La pratique reste encore interdite en France.

Nous savons qu’après la mort, il faut choisir entre la mise en terre et la crémation (inhumation par le feu). Nous devrions bientôt disposer d’une troisième possibilité : l’aquamation. Des Américains ont breveté ce dispositif en 1888. À l’origine, il s’agit d’éliminer les restes d’animaux d’abattoirs rapidement, en évitant la dissémination des maladies et sans dépenser de fortunes.

L’aquamation, légale dans quelques pays, convainc de plus en plus d’adeptes. Il faut d’abord placer la dépouille dans un grand cylindre métallique clos avec deux parois. Objectif : récupérer tous les objets portés par le corps (prothèses, implants, plombages, etc.). Les professionnels remplissent ensuite la chambre équipée d’une solution aqueuse alcaline d’environ 300 litres d’eau. La température de l’eau grimpe jusqu’à 90 ou 95 degrés. Certains systèmes d’aquamation incluent une agitation mécanique ou hydraulique pour favoriser une dissolution homogène et accélérée du corps.

Sous l’effet de la chaleur et des alcalis, le corps subit une décomposition similaire à celle observée dans la nature, à un rythme accéléré (entre six et douze heures). Objectif : réduire les graisses, le sang et les protéines. À la fin du processus, il ne reste qu’un liquide appelé « effluent ». Il s’agit d’une solution aqueuse complètement stérile (dépourvue de tout agent infectieux) et composée de nutriments, d’acides aminés, de sels et de savons d’acides gras. Les professionnels remettent les os résiduels réduits en une poudre blanche. Une fois traité, l’effluent se retrouve rejeté dans les égouts ou peut servir d’engrais.

Des avantages environnementaux indéniables

L’aquamation présente plusieurs avantages environnementaux. La crémation traditionnelle utilise le feu et génère des émissions importantes de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres polluants atmosphériques. « Lors de la crémation, le corps est brûlé à plus de 1200 °C. Cette combustion produit 160 kg de CO2 et des gaz à effet de serre. Elle dépense une importante dépense énergétique : un four crématoire utilise l’énergie de l’équivalent d’un trajet de plus de 7.700 km en voiture », décrit le chimiste canadien Yannick Bergeron à nos confrères de Radio Canada. De son côté, l’aquamation ne produit qu’un kilogramme de gaz à effet de serre. La consommation d’énergie de l’aquamation reste limitée : il faut simplement chauffer l’eau à basse pression et la maintenir à température.

L’aquamation n’impose aucun cercueil, même si vous pouvez couvrir le corps immergé d’une enveloppe en carton biodégradable. Il faut savoir que l’enterrement reste très polluant : en se décomposant, le corps libère des déchets qui traversent le cercueil, souvent fait avec des métaux lourds. Cette solution peut atteindre la nappe phréatique et contaminer l’eau douce environnante.

Aujourd’hui, cette technique reste interdite en France. En janvier 2018, le parlementaire Éric Pauget a interrogé le ministère de l’Intérieur qui a indiqué que cette question était sujette à réflexion au sein du Conseil national des opérations funéraires (CNOF).

Geoffrey LOPES

Partager
Exit mobile version