Sifflets des supporters, volte-face des joueurs… Psychodrame en Belgique avant d’affronter les Bleus

Après son revers initial contre la Slovaquie, la Belgique est parvenue à se qualifier pour les huitièmes de finale de l’Euro.

Mais la prestation des « Diables Rouges » contre l’Ukraine (0-0) est restée en travers de la gorge des supporters, qui l’ont fait savoir aux joueurs après le coup de sifflet final.

Ces images font couler beaucoup d’encre au plat pays.

Un match qui risque de laisser des traces malgré la qualification. Frileuse contre l’Ukraine (0-0), la Belgique a terminé à la deuxième place du groupe E et validé sa qualification pour les huitièmes de finale. Toutefois, la suite des hostilités s’annonce corsée pour les Diables Rouges avec un affrontement contre l’équipe de France (lundi 1er juillet, 18h, en direct sur TF1 et TF1+, en live commenté sur TF1Info). 

Surtout, dans le jeu, les joueurs de Domenico Tedesco n’ont pas proposé grand-chose face à des Ukrainiens franchement décevants, ce qui a suscité la colère de leurs propres supporters. Présents en nombre à Stuttgart, ces derniers ont gratifié leurs joueurs d’une énorme bronca après le coup de sifflet final. Cette bordée de sifflets a créé l’incompréhension chez les coéquipiers de Kevin De Bruyne, qui, alors qu’ils se dirigeaient vers les tribunes, ont finalement fait volte-face et renoncé à saluer leurs fans. Un incident botté en touche par le capitaine en conférence de presse, le joueur de Manchester City se disant simplement « content de la qualification ».  

Les supporters oublient parfois où était la Belgique il y a quelques années

Yannick Carrasco

Mais au pays, du côté des observateurs et dans la presse, la scène a fait grand bruit. « C’était surréaliste. Plus de 10.000 supporters se sont déplacés. La moindre des choses aurait été de les saluer », s’insurge l’ancien international Philippe Albert dans les colonnes de la RTBF. « Les supporters doivent soutenir les Diables parce qu’au final, ils sont qualifiés. Et inversement, les Diables auraient dû aller saluer les supporters, même s’ils sont sifflés. Les Diables doivent respecter les gens qui dépensent du temps et de l’argent pour eux », ajoute Nordin Jbari, qui a porté le maillot de la sélection à deux reprises.

Dans ce flot d’incompréhension, certains joueurs ont tenté de se justifier. « Dans le groupe, on ne comprend pas du tout. Le plus important était de se qualifier. Les supporters oublient parfois où était la Belgique il y a quelques années alors qu’aujourd’hui, on est qualifiés pour les grands tournois », regrette, amer, Yannick Carrasco. « Je comprends qu’ils soient déçus de la prestation mais on est en huitièmes de finale et on a tout à jouer. Ce n’est pas comme si on était éliminés », abonde Tim Castagne. « C’est dommage de voir cela car on les a bien sentis contre la Roumanie. Évidemment, c’était plus facile car on gagnait », tacle-t-il encore. 

Je voyais des gestes obscènes, des insultes

Thomas Meunier

Mais c’est l’expérimenté défenseur Thomas Meunier (32 ans, 66 sélections) qui s’est montré le plus volubile, toujours auprès de la RTBF. « L’équipe est allée vers les supporters au coup de sifflet final. Le traitement était spécial donc les joueurs ont décidé de faire demi-tour », commence-t-il. « Les réactions de nos fans, c’était dommage et disproportionné. On doit avoir un discours fédérateur, à l’image de la devise du pays : ‘l’union fait la force’. Il faut que ce soit constructif, on n’ira nulle part sinon », souligne-t-il encore. Selon l’ancien joueur du PSG, « l’intention (initiale) était d’aller vers les fans » mais « on avait l’impression qu’on s’était fait sortir ». 

Dans le détail, « le souci a débuté quand Romelu Lukaku est sorti et qu’il a été sifflé. Tu ne siffles pas le meilleur buteur de l’histoire de ton pays car il est moins bien dans un match. C’est injuste ». Les choses ont ensuite dérapé. « Je voyais des gestes obscènes, des insultes », raconte le latéral. De ce fait, « Kevin De Bruyne, notre capitaine, a pris une décision, tout le monde l’a suivi », appuie-t-il. In fine, « payer un ticket pour venir, ça offre des droits mais se taper six heures de route pour venir insulter un joueur, ce n’est pas vraiment une finalité qui arrange tout le monde », conclut-il. Les Bleus sont prévenus, les Diables Rouges auront à cœur de se racheter.