Siné Mensuel publie son « dernier pour la route » : le journal satirique s’arrête, mercredi 5 mars, en raison de difficultés financières. En une figure une caricature de Siné par lui-même, faisant un bras d’honneur et disant « Ciao ! ». Il porte un tatouage « ni Dieu ni maître ». La même une avait paru en 2010, lorsque Siné Hebdo s’était arrêté.

Pour cet ultime numéro de mars-avril de 40 pages (7,50 euros), tiré à 40 000 exemplaires, Siné Mensuel a recueilli 80 contributions de dessinateurs, écrivains, humoristes et journalistes, comme Geluck, Willem, Noël Godin, Christophe Alévêque ou encore Delfeil de Ton. Des anciennes caricatures et unes ayant marqué l’histoire du journal sont également republiées.

« Ce sont vos dons, mais également vos messages d’encouragement, et même d’amour, qui nous ont permis de garder le cap pendant toutes ces années », écrit dans l’édito sa directrice, Catherine Weil Sinet, veuve de Siné mort en 2016, à 87 ans.

« On n’a plus de sous. (…) On a fait un appel aux dons l’année dernière qui a rapporté 180 000 euros, mais on perd 16 000 à 17 000 euros chaque mois », avait-elle déclaré à l’Agence France-Presse en janvier en annonçant la fin du mensuel, se disant « extrêmement triste ».

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Un parcours marqué par la satire et la controverse

Hebdomadaire devenu ensuite mensuel, « le journal qui fait du mal et ça fait du bien » compte cinq salariés et emploie 35 pigistes et 35 dessinateurs régulièrement. Il a été fondé par Maurice Sinet, dit Siné, longtemps un pilier de Charlie Hebdo, avant d’être évincé de l’hebdomadaire satirique en 2008 pour avoir évoqué ironiquement une possible conversion au judaïsme du fils de Nicolas Sarkozy.

Journalistes et intellectuels s’étaient divisés et le dessinateur avait été poursuivi par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) mais relaxé par le tribunal, qui avait considéré que ses propos tenaient plus de la satire que de l’antisémitisme. Cela avait abouti à la création par Siné de son propre journal, Siné Hebdo, avec des dissidents de Charlie.

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Pour des raisons financières, l’hebdomadaire s’était arrêté en 2010 mais Siné était parvenu à le relancer l’année suivante, cette fois avec une parution mensuelle, donnant naissance à Siné Mensuel. Une exposition est consacrée à Siné du 8 mars au 14 août à Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne), au Centre international de la caricature, du dessin de presse et d’humour.

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Le Monde avec AFP

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