Alors que le média gratuit 20 minutes rencontre des difficultés de trésorerie et reste secoué par un climat social tendu, son actionnariat va très prochainement évoluer. Le groupe français SIPA Ouest-France, co-actionnaire à 50-50 avec l’éditeur de presse belge Rossel, souhaite se désengager du média en ligne aux quinze millions de visiteurs uniques mensuels.
Selon les informations du Monde, l’annonce a été officialisée aux salariés de 20 minutes par Fabrice Bakhouche, le directeur général du groupe SIPA Ouest-France, lors d’une réunion qui s’est tenue jeudi 27 novembre.
Après avoir investi près de 30 millions d’euros dans 20 Minutes depuis sa création en France en 2002, M. Bakhouche a expliqué qu’il n’avait désormais « plus de feu vert [de son actionnaire ] pour mettre à nouveau de l’argent ». Le groupe de presse souhaite dorénavant prioriser la transformation vidéo du quotidien régional Ouest-France et se concentrer sur Novo-19, la chaîne TNT lancée en septembre.
Au cours de la même réunion, Bernard Marchant, le patron de Rossel a fait savoir qu’il n’avait pas pris de décision sur l’avenir de la participation de son groupe, mettant différentes options sur la table. Renouvelant son intérêt pour 20 Minutes, il a proposé de réinjecter des fonds dans les caisses du média en ligne et de racheter les parts de SIPA. Mais le patron du groupe de presse belge a fixé ses conditions pour reprendre la totalité du capital du « pure-player » largement dans le rouge depuis la crise liée au Covid-19 avec des pertes qui vont flirter avec les 2 millions d’euros en 2025. Sa proposition ne tient que si les syndicats signent un accord sur les droits d’auteur et les droits voisins d’ici au 15 décembre. Or, deux des trois syndicats de 20 Minutes s’y refusent jusqu’ici, souhaitant appliquer le cadre légal.
Après deux ans de négociations stériles, le versement aux journalistes d’une part des droits voisins cristallise les tensions dans l’entreprise. La direction propose un montant représentant 5 % du chiffre d’affaires, soit 660 euros annuels par salarié, tandis que les syndicats souhaitent que les journalistes soient rétribués à hauteur de 18 %, le niveau fixé par la Commission des droits d’auteur et droits voisins (CDADV) en 2024, soit 2 000 à 3 000 euros par an. En octobre, cette même commission a, à nouveau, donné raison aux syndicats. En vain.
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