La crainte d’une grande grève reconductible à la SNCF à l’approche des fêtes de fin d’année s’éloigne après la signature d’un accord entre la direction du groupe et deux des quatre syndicats, la CFDT et l’UNSA, concernant l’avenir des salariés de Fret SNCF, bientôt transférés dans des filiales.

Les deux organisations syndicales, considérées comme réformistes, ont annoncé avoir obtenu des garanties pour les 4 500 salariés qui doivent être transférés vers deux filiales le 1er janvier, après la décision de démanteler Fret SNCF, qui fait l’objet d’une enquête de la Commission européenne pour aides publiques illégales. Les cheminots auront la garantie de conserver l’ensemble de leurs droits pendant 36 mois, le temps de négocier un nouveau cadre de travail dans les nouvelles sociétés Hexafret et Technis.

« La CFDT-Cheminots gagne le moratoire social », se félicite le syndicat dans un communiqué. L’intersyndicale, composée de la CGT-Cheminots, de l’UNSA-Ferroviaire, de SUD-Rail et donc de la CFDT, posait jusqu’ici comme condition au retrait de l’appel à la grève un moratoire sur la décision de démanteler le leader français du transport ferroviaire de marchandises.

Concernant la partie TER, et alors que les premiers cheminots de la SNCF vont être transférés d’ici à une semaine dans de nouvelles filiales où le marché est ouvert à la concurrence, la direction du groupe s’est engagée à maintenir les droits pendant 24 mois, au lieu de 15 jusqu’à présent.

La sécurisation de l’emploi, c’est-à-dire l’impossibilité de licencier, a également été obtenue pour tous les salariés, y compris contractuels. Jusqu’ici, seuls les salariés au statut supprimé en 2020 y avaient droit.

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Moratoire sur la privatisation

« Compte tenu de tous ces éléments, du fait qu’on est dans un contexte où il n’y a pas de gouvernement en face (…), il vaut mieux suspendre maintenant et voir comment la mise en place concrète de tout ça va se passer », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel. Quitte à reprendre le conflit au printemps si les promesses ne sont pas tenues.

Du côté de la CGT-Cheminots et de SUD-Rail, en revanche, l’appel à la grève à compter du 11 décembre au soir est maintenu. « C’est dommage », a réagi le secrétaire fédéral de SUD-Rail, Fabien Villedieu, après l’annonce de la CFDT et de l’UNSA. « On aurait pu arracher ce qu’on a réussi à obtenir à Fret, à savoir le maintien des droits pendant trois ans, à SNCF Voyageurs [qui gère notamment les TER], ce qui n’est pas le cas », a-t-il déploré, justifiant le maintien de l’appel à la grève par la volonté d’obtenir un moratoire sur la privatisation du fret à la SNCF.

L’accord signé avec la Commission européenne pour éviter des poursuites prévoit en effet une ouverture du capital – mais minoritaire – en 2026.

La grève du 19 novembre, présentée comme un « ultimatum » avant le mouvement reconductible de décembre, avait peu mobilisé à la SNCF, où un cheminot sur quatre avait cessé le travail, d’après la CGT. Fin novembre, un accord sur des hausses de salaire moyennes de 2,2 % en 2025, soit légèrement supérieures à l’inflation, a également été signé par la CFDT et l’UNSA.

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Le Monde avec AFP

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