« Miss Fraise », l’histoire d’une fillette avec des taches de rousseur, n’est plus disponible dans les écoles gérées par le ministère de la Défense.
Une décision qui semble s’inscrire dans la croisade de l’administration Trump contre « l’idéologie transgenre » dans l’armée américaine.
Fille de militaire, la comédienne dénonce une décision qui va à l’encontre de la liberté d’expression.

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Le second mandat de Donald Trump

Comédienne admirée, Julianne Moore n’est pas une habituée des polémiques sur les réseaux sociaux. Mais dans un message posté ce dimanche sur Instagram, celle qu’on peut voir actuellement au cinéma dans La Chambre d’à côté de Pedro Almodóvar se dit « choquée » suite à une décision surprenante de l’administration Trump.

Frecklface Strawberry (Miss Fraise en VF), un livre pour enfants qu’elle a publié en 2007, vient en effet d’être retiré des bibliothèques des quelque 160 écoles gérées par le ministère de la Défense. Situés aux États-Unis, en Europe et dans le Pacifique, elles accueillent chaque année près de 70.000 élèves, la plupart des enfants de militaires.

L’histoire d’une fillette « différente, comme tout le monde »

« Miss Fraise est une histoire semi-autobiographique sur une petite fille de sept ans qui n’aime pas ses taches de rousseur, mais qui finit par apprendre à vivre avec elles lorsqu’elle se rend compte qu’elle est différente, comme tout le monde », écrit la star. « Il s’agit d’un livre que j’ai écrit pour mes enfants et pour les autres enfants afin de leur rappeler que nous luttons tous, mais que notre humanité et notre sens de la collectivité nous unissent. »

Julianne Moore a été alertée de cette décision par l’ONG Pen America qui a constaté que de nombreux livres pour enfants étaient dans le viseur de la nouvelle administration républicaine. Parmi eux, No Truth Without Ruth, un livre illustré consacré à l’ancienne juge à la Cour Suprême, la progressiste Ruth Bader Ginsburg, décédée en 2020. Mais aussi Becoming Nicole, un livre de la journaliste du Washington Post Amy Ellis Nutt consacré à la transition de genre de sa fille adolescente.

Je n’aurais jamais pensé voir cela dans un pays où la liberté de parole et d’expression est un droit constitutionnel.

Julianne Moore

Comme l’a révélé The Guardian le 13 février dernier, ces ouvrages — et sans doute bien d’autres — font actuellement l’objet d’une mesure de suspension suite à un mémo adressé aux établissements concernés par le ministère de la Défense. Ce dernier estime qu’ils pourraient « potentiellement porter sur des sujets relatifs à l’idéologie de genre ou d’équité discriminatoire », peut-on lire dans ce document confidentiel que s’est procuré le quotidien britannique. 

Si cette décision touche à ce point Julianne Moore, c’est aussi en raison de son histoire personnelle. Fille d’un vétéran de la guerre du Vietnam, elle a étudié dans un lycée géré autrefois par le ministère de la Défense à Francfort, en Allemagne. « Il m’est pénible de constater que des enfants qui, comme moi, grandissent avec un parent dans l’armée et qui fréquentent une école militaire, n’auront pas accès à un livre écrit par quelqu’un dont l’expérience de vie est si semblable à la leur », regrette-t-elle.

Trump en guerre contre « l’idéologie transgenre »

« Je ne peux m’empêcher de me demander ce qui est si controversé dans ce livre d’images pour qu’il soit interdit par le gouvernement américain », conclut la comédienne. « Je suis vraiment attristée et je n’aurais jamais pensé voir cela dans un pays où la liberté de parole et d’expression est un droit constitutionnel ».

Cette « purge » littéraire semble être une conséquence directe de la politique mise en place par Donald Trump à l’encontre de la communauté LGBTQ+ depuis son retour à Washington. Le jour de son investiture, le milliardaire républicain avait signé un décret pour se « débarrasser » de « l’idéologie transgenre » dans l’armée américaine.

Dans un mémo rendu public le 10 février, le ministère de la Défense a annoncé suspendre le recrutement des personnes transgenres dans l’armée et les transitions de genre pour les militaires. « Toutes les procédures médicales non programmées, programmées ou envisagées pour faciliter ou réaliser une transition de genre sont suspendues pour le personnel militaire », est-il aussi écrit.


Jérôme VERMELIN

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