• Les dispositifs de reconnaissance faciale, qui repèrent les voleurs et les enregistrent dans une base de données, sont de plus en plus utilisés par les enseignes au Royaume-Uni.
  • Mais sans empêcher des loupés : un client a été poussé vers la sortie d’un magasin de Cardiff, accusé d’avoir subtilisé des articles alors qu’il avait bien payé en caisse.
  • Plus largement, le système inquiète les associations de protection de la vie privée.

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Le 20H

Byron Long s’approche des portes de l’enseigne… Mais il refuse désormais d’entrer. Quelques mois plus tôt, cet habitant de Cardiff, dans le sud-est du pays de Galles, s’apprêtait à faire ses courses dans un magasin de la chaîne de grande distribution B&M, lorsqu’un employé lui a demandé de quitter les lieux. « J’étais curieux, j’ai demandé pourquoi je devais partir. Il m’a répondu que j’étais un voleur, retrace-t-il dans le reportage du 20H de TF1 en tête d’article. Pour être honnête, j’étais sous le choc. »

Le retraité avait en effet été repéré par le système de reconnaissance faciale mis en place dans les rayons du supermarché, destiné à identifier les clients qui subtilisent des articles sans les payer, pour ensuite les enregistrer dans une base de données et les bannir. Une technologie en pleine expansion dans les magasins britanniques (nouvelle fenêtre)

Une enquête menée en cas d' »erreur humaine », assure le gérant du système

Pourtant sûr de son innocence, Byron a décidé de se défendre et de mener l’enquête. Après plusieurs appels et échanges de mails, il a découvert que l’enseigne l’avait enregistré comme un voleur (nouvelle fenêtre) ayant dérobé plus de 80 euros de produits, trois semaines auparavant. 

« Je ne savais pas que l’image de mon visage était utilisée pour dire que j’étais un voleur et que j’étais banni du magasin. Personne ne m’avait contacté », s’indigne le retraité. Il parvient finalement à se laver de tout soupçon grâce à une vidéo de son passage en caisse, où il apparaît clairement en train de payer ses articles. Et à obtenir le retrait de sa photo de la base de données du magasin. 

Le gérant du système de reconnaissance faciale déployé dans ce supermarché, l’entreprise FaceWatch, se défend en assurant que sa technologie n’est pas mise en cause. Selon lui, la responsabilité revient plutôt aux employés, qui peuvent se tromper. « Si une erreur humaine s’est produite lors du traitement d’un incident par un de nos clients supermarchés, nous menons immédiatement une enquête et, si nécessaire, nous bloquons son accès au système », assure un porte-parole. 

« Aucune législation spécifique au Royaume-Uni » sur le sujet

En dépit de ce type d’incident, le recours à la reconnaissance faciale s’accélère au Royaume-Uni, où des centaines de magasins la déploient déjà. Tandis qu’en France, ce type de dispositif est totalement interdit dans les commerces, la pratique profite d’un véritable flou juridique outre-Manche (nouvelle fenêtre). Au grand dam d’associations qui militent pour la protection de la vie privée. 

« Il n’y a aucune législation spécifique au Royaume-Uni qui impose des mesures de précaution ou des restrictions pour l’utilisation de cette technologie. Selon nous, c’est urgent et nécessaire, surtout par rapport à nos voisins européens », insistait le mois dernier Sarah Simms, responsable de la politique au sein de l’ONG Privacy International, dans le reportage du 13H de TF1 ci-dessous. 

La reconnaissance faciale pour repérer les voleursSource : JT 13h Semaine

03:16

La reconnaissance faciale pour repérer les voleurs

Les commerçants, eux, mettent en avant les gains réalisés depuis le recours à la reconnaissance faciale (nouvelle fenêtre). Dans l’une des épiceries de la chaîne Raven’s Budgens Abridge, 150 à 200 personnes ont ainsi été bannies suite à la mise en place de deux caméras spécialisées, qui déclenchent des alertes immédiates sur les téléphones des employés dès que le profil d’un voleur enregistré est aperçu dans les rayons. Aucun de ces clients n’a été arrêté par la police, ni condamné par la justice. 

Face à des forces de l’ordre débordées, qui ne trouvent pas suffisamment de temps pour enquêter sur ces voleurs, le propriétaire de la chaîne défend l’utilisation de cette technologie. « Il y aura toujours des erreurs humaines, mais le vol à l’étalage est tellement répandu au Royaume-Uni qu’il faut un système comme celui-ci, sinon beaucoup de magasins fermeront leurs portes », plaide Goran Raven dans le reportage du 20H de TF1 en tête d’article. Il perdait 13.000 euros par an à cause des vols avant l’installation de ce système, contre deux fois moins aujourd’hui. 

M.L. | Reportage TF1 Elise Stern et Fanny Bourdillon

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