Des débris du « Titan », récupérés dans le fond de l’océan près de l’épave du « Titanic », déchargés sur le quai de la garde côtière canadienne à Saint John’s, Terre-Neuve, le 28 juin 2023.

C’est un rapport accablant pour l’entreprise OceanGate que viennent de publier les gardes-côtes américains, mardi 5 août. Au fil des 300 pages du rapport, OceanGate, coupable de multiples défaillances, est la « première » responsable de l’implosion du submersible privé Titan, qui a coûté la vie à cinq personnes lors d’une exploration de l’épave du Titanic en 2023.

L’enquête des gardes-côtes a conclu que « le non-respect par OceanGate des protocoles d’ingénierie établis en matière de sécurité, de tests et de maintenance de son submersible était la première cause [de l’accident] », selon les enquêteurs.

Le sous-marin Titan avait disparu en mer le 18 juin 2023, au large des Etats-Unis. Alors que le submersible de 6,5 mètres de long s’enfonçait à 3 800 mètres de profondeur pour approcher l’épave du Titanic, l’engin qui devait refaire surface sept heures plus tard a perdu le contact avec la surface seulement deux heures après son départ.

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Une opération de secours sous haute tension

Une vaste opération de secours très médiatisée avait été engagée, mais le submersible avait été détruit peu après sa plongée par une « implosion catastrophique » tuant les cinq passagers sur le coup, le scientifique français de 77 ans Pierre-Henri Nargeolet, surnommé « M. Titanic », le patron d’OceanGate, Stockton Rush, l’aventurier britannique Hamish Harding et deux membres d’une famille pakistanaise éminente, Shahzada Dawood et son fils Suleman Dawood.

Des polémiques sur des négligences avaient surgi très vite après l’accident, notamment sur le hublot qui n’aurait pas pu techniquement résister à de telles profondeurs. « Pendant plusieurs années avant l’accident, OceanGate a eu recours à des tactiques d’intimidation, des dérogations accordées pour des opérations scientifiques, et a tiré profit de sa bonne réputation pour échapper à la surveillance des autorités de régulation », écrivent les gardes-côtes dans leur rapport d’enquête.

L’entreprise « a finalement pu faire fonctionner le Titan en totale marge des protocoles établis pour les plongées en eaux profondes, lesquels avaient pourtant historiquement permis d’assurer un bon bilan de sécurité pour les submersibles commerciaux », ajoutent-ils, dénonçant aussi un « environnement de travail toxique », qui « dissuadait les employés et les sous-traitants d’exprimer leurs préoccupations en matière de sécurité ».

Les enquêteurs mettent en cause la culture d’entreprise d’OceanGate consistant à minimiser, ignorer et même falsifier des informations-clés sur la sécurité pour améliorer sa réputation et échapper à l’examen des régulateurs. De nombreux employés d’OceanGate se sont manifestés au cours des deux années suivant l’implosion pour soutenir ces accusations. Le rapport ajoute que la direction menaçait les salariés de licenciement pour les dissuader d’exprimer des préoccupations concernant la sécurité.

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Jason Neubauer, du conseil d’enquête maritime, a déclaré que les conclusions aideront à prévenir de futures tragédies. « Il y a un besoin de surveillance plus stricte et d’options claires pour les opérateurs qui explorent de nouveaux concepts en dehors du cadre réglementaire existant », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Sollicités par l’agence Associated Press, les porte-parole d’OceanGate n’ont pas fait de commentaires. OceanGate a suspendu ses opérations en juillet 2023.

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Le Monde avec AP et AFP

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