Donald Trump a réussi ce pari-là. Le Sénat américain a approuvé, lundi 15 septembre, la nomination par le président américain de Stephen Miran, l’un de ses conseillers économiques, à la Réserve fédérale (Fed), à quelques heures d’une réunion clé de la banque centrale des Etats-Unis.
Tenu par la majorité présidentielle républicaine, le Sénat a voté à 48 voix contre 47 pour confirmer à ce poste M. Miran, qui devra prêter serment in extremis afin de siéger mardi et mercredi à la réunion au cours de laquelle, toutes les six semaines, la Fed décide du niveau de ses taux directeurs.
Les opposants démocrates étaient opposés à sa nomination, craignant qu’il ne fasse qu’appliquer les desiderata de Donald Trump, au sein d’une institution censée rester indépendante. A la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison Blanche, M. Miran est l’un des architectes et défenseurs de la politique économique du président républicain. Lors de son audition au Sénat, il a estimé, à rebours de la majorité des économistes, qu’il n’y avait « pas eu d’augmentation détectable du niveau global des prix à la suite de l’instauration de droits de douane » par l’exécutif américain.
Congé sans solde
Formé à l’Université de Boston puis à Harvard où il a reçu son titre de docteur en économie, M. Miran a travaillé pour des sociétés d’investissement et été conseiller au ministère des finances à la fin du premier mandat de Donald Trump.
Il doit occuper un poste de gouverneur vacant depuis la démission surprise d’Adriana Kugler. Nommée par l’ex-président démocrate Joe Biden, elle n’a pas précisé les raisons de son départ anticipé.
Le mandat de Mme Kugler courrait jusqu’au 31 janvier 2026. C’est ce laps de temps que M. Miran est censé couvrir. Du fait de la brièveté du mandat, Stephen Miran a expliqué aux sénateurs début septembre qu’il ne prévoyait pas de démissionner de son poste de conseiller du président mais seulement de prendre un congé sans solde. La situation inédite – un gouverneur gardant un lien avec la Maison Blanche – a révolté l’opposition qui dénonce une « servitude » annoncée.
Donald Trump réclame depuis des mois une détente monétaire pour alléger les coûts d’emprunt et soutenir la croissance. Il minimise en parallèle les risques d’un regain d’inflation, perspective qui a jusqu’ici freiné les banquiers centraux américains. Lundi encore, il a appelé le président de la Fed, Jerome Powell, à baisser les taux d’intérêt « MAINTENANT, ET PLUS FORTEMENT QUE CE QU’IL A EN TETE », dans un message sur Truth Social.
La gouverneure Lisa Cook maintenue en place par une cour d’appel
La réunion de cette semaine devrait de toute façon marquer la première baisse de taux de 2025. Les investisseurs anticipent majoritairement une diminution d’un quart de point, ce qui est le plus courant en politique monétaire.
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Pour accélérer les choses, Donald Trump tente de faire de la place pour des fidèles au sommet de la Fed. Après avoir menacé de limoger Jerome Powell et l’avoir appelé en vain à démissionner, il tente de pousser vers la sortie la gouverneure Lisa Cook. Il accuse Mme Cook d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables.
Mais lundi, une cour d’appel américaine a confirmé une précédente décision de justice permettant à la gouverneure de rester temporairement en fonction, malgré l’annonce de son limogeage par Donald Trump. Elle devrait donc pouvoir voter en principe avec ses collègues sur les taux d’intérêt.
Mais l’affaire est loin d’être close. Douze personnes votent ensemble sur les taux d’intérêt américains : les membres du conseil des gouverneurs (six gouverneurs et M. Powell), le président de la Fed de New York et quatre présidents de Fed régionales qui changent d’une année sur l’autre.