
Une plainte a été déposée, début juillet, contre le département du Puy-de-Dôme pour mise en danger de la vie d’autrui après le suicide de Lily, 15 ans, en 2024, dans un hôtel où elle avait été placée par l’aide sociale à l’enfance (ASE), a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de l’association CDP-Enfance, vendredi 11 juillet.
« Nous avons saisi le procureur [de la République] de Clermont-Ferrand pour mise en danger de la vie d’autrui », a déclaré Michèle Créoff, membre de cette association et ex-vice présidente du Conseil national de la protection de l’enfance, confirmant une information de Mediapart. Selon le texte de la plainte consultée par l’AFP, l’association fait état d’« une prise en charge dans des lieux d’accueil inadaptés à l’âge et à la situation » de l’adolescente, de « l’absence de professionnels qualifiés » autour d’elle et de l’« absence de réaction face aux signaux d’indice de [sa] vulnérabilité ». Contacté, le conseil départemental a déclaré ne pas avoir « pour l’heure » été « officiellement destinataire d’une quelconque information émanant de l’autorité judiciaire ».
« Nous avons également déposé une requête devant le tribunal administratif pour faire déclarer illégal le placement à l’hôtel de Lily et avons aussi, dans une procédure distincte, assigné l’Etat » pour que soit reconnue sa responsabilité, a fait savoir Mme Créoff au nom de l’association, déclarant que cette plainte a pour but « de mettre fin à l’illégalité qui encadre ce dispositif où les responsables ne sont jamais reconnus comme tels ».
« Lourdes défaillances » de l’ASE
La mort de Lily, 15 ans, le 25 janvier 2024, dans une chambre d’hôtel près de Clermont-Ferrand, avait braqué les projecteurs sur un système de l’aide sociale à l’enfance en France à bout de souffle et sur le recours aux hôtels pour loger des enfants, faute de places suffisantes dans les structures existantes.
L’interdiction de recourir à des hôtels était prévue dans le cadre de la loi Taquet sur la protection de l’enfance, adoptée en 2022. Le décret d’application instaurant des limites à ce recours, sans toutefois l’interdire totalement, a été publié en février 2024, quelques semaines après la mort de Lily.
Dans la foulée du drame, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale a également été lancée et a exhorté, dans son rapport final publié en avril dernier, les autorités à « agir vite » pour refonder le secteur. La Défenseure des droits, Claire Hédon, a de son côté récemment interpellé l’Etat, pointant de « lourdes défaillances » observées en matière de protection de l’enfance.