
A la nuit tombée, la question surprend l’automobiliste coincé sur la 101, l’une des freeways les plus emblématiques de Los Angeles. « Am I Next ? », interpelle un Angeleno dont le portrait géant est projeté sur la façade d’un immeuble dominant la voie rapide. « Suis-je le prochain ? » Le visage disparaît pour laisser place à un court texte introduit par un mot glaçant écrit en capitales : « TAKEN » (« capturé »).
La suite lève tout doute sur le contexte : « Mauricio, qui attendait le bus ». « Capturé : José, qui travaillait dans une station de lavage ». Et aussi « Capturé : David, un citoyen américain qui documentait un raid ». Entre chaque minirécit défilent les photographies d’individus posant cette question lancinante : « Suis-je le prochain ? »
N’importe quel habitant de Los Angeles a compris la référence aux descentes de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), la police fédérale de l’immigration. L’administration Trump a fait de la mégapole californienne le terrain d’expérimentation de sa politique migratoire. C’est ici qu’ont eu lieu, en juin, les premiers raids. Ici que l’Etat fédéral a déployé pour la première fois la garde nationale. Plus de 7 100 sans-papiers ont été arrêtés depuis juin dans la région de Los Angeles, selon le ministère de l’intérieur.
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