• Présentant ses arbitrages pour le budget 2026 mardi, le Premier ministre a proposé la suppression de deux jours fériés.
  • Il a cité comme exemples le lundi de Pâques et le 8-Mai.
  • François Bayrou a justifié son choix mais, voyant le caractère inflammable d’une telle annonce, s’est dit « prêt à accepter d’autres idées ».

« Il faut travailler plus« . C’est dans cette optique que le Premier ministre a proposé mardi 15 juillet la suppression de deux jours fériés, citant comme exemple le lundi de Pâques et le 8-Mai, une mesure qui doit dégager « 4,2 milliards » d’euros selon Matignon.

Concrètement, ces deux jours qui sont actuellement payés, mais non travaillés, deviendraient deux jours toujours payés, mais travaillés pour les salariés du public comme du privé. Et cela ramèneraient à neuf le nombre de jours fériés en France.

Pour justifier son choix, François Bayrou a expliqué que « le lundi de Pâques n’a aucune signification religieuse » et que « le mois de mai est devenu un véritable gruyère et où l’on saute de pont en viaduc de congés ». 

« Cette modification de notre calendrier des jours fériés rapportera plusieurs milliards au budget de l’État, simplement parce qu’avec les entreprises, les commerces, la fonction publique, la nation travaillera et notre production sera améliorée », a-t-il assuré.

Lundi de Pâque, une tradition du IVe siècle

Comme le souligne le journal La Croix, le lundi de Pâques est une tradition qui remonte au IVᵉ siècle. L’empereur Constantin avait décrété une semaine de commémoration pour la résurrection du Christ. Au XIᵉ siècle, la semaine de Pâques est devenue fériée. Mais en 1801, Napoléon a décidé de ne laisser que le lundi de Pâques comme jour chômé, pour mieux contrôler l’influence de l’Église catholique. 

Le 8-Mai, lui, fait référence au 8 mai 1945, date à laquelle l’Allemagne nazie a capitulé, mettant fin à la Seconde Guerre mondiale. Un an plus tard, une loi a été promulguée afin de fixer la date de commémoration de la victoire, le 8 mai, chaque année. C’est en 1953 que ce jour est devenu férié avant qu’en 1959, Charles de Gaulle décide de le supprimer. Il a finalement été rétabli en 1981 par François Mitterrand.

Tout cela est un piège, c’est un chiffon rouge qu’on agite

Marine Tondelier, cheffe des écologistes

L’annonce du Premier ministre a suscité une levée de boucliers. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a estimé que la suppression du 8-Mai, « jour de la victoire contre le nazisme » serait « très grave« . Y voyant une « infamie« , le PCF a lancé une pétition « ne touchez pas au 8-Mai !« .

« Ce n’est même pas efficace économiquement », a aussi fustigé sur BFMTV Cyril Chabanier (CFTC), en notant que « le lundi de Pâques est l’une des journées où il y a le plus grand taux de consommation dans notre pays« , pointant les « pertes en TVA » à mettre en balance des potentiels gains.

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a, lui, déploré sur X une « provocation » et « une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail« .

Mais certains s’interrogent sur la pérennité de ces annonces par un gouvernement déjà menacé de censure à l’automne.

« Tout cela est un piège, c’est un chiffon rouge qu’on agite« , a ainsi affirmé sur LCI la cheffe des écologistes Marine Tondelier, en estimant que « c’est un peu l’arbre qui cache la forêt » des autres mesures budgétaires. « A la rentrée, quand on discutera de la censure, M. Bayrou pourra héroïquement lâcher« , a-t-elle ironisé.

Ambre BERTOCCHI

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