A Kourakhove, qualifiée par Volodymyr Zelensky de zone « la plus difficile » des 1 000 kilomètres de front, une équipe de dronistes harcèle jour et nuit les blindés russes. « En moyenne, nous parvenons à en frapper dix à quinze quotidiennement. Notre record en une journée, c’est trente-huit », indique un pilote qui souhaite rester anonyme pour des raisons de sécurité.

Le déséquilibre en faveur des Forces armées russes (FAR) reste écrasant : de l’ordre de quinze soldats russes pour un soldat ukrainien. C’est du moins le ressenti des dronistes, qui estiment à une centaine le nombre de blindés russes dans leur secteur. « Nous n’avons que les drones pour stopper l’avance de l’ennemi. »

Malgré la violence des combats et l’extrême fatigue qui se lit sur tous les visages, l’état d’esprit des combattants dans cette unité droniste demeure stable. Les échanges entre soldats sont ponctués de traits d’humour, à la fois pour décompresser psychologiquement et pour maintenir un esprit d’équipe. Ils ne sont guère enclins à parler politique, préférant parler de « sentiment de devoir » pour expliquer leur endurance sur le front.

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L’équipe des pilotes est dissimulée dans une maison de village, à 7 kilomètres des lignes russes. Le camouflage est la condition sine qua non pour survivre à proximité de l’ennemi. Les mouvements de rotation s’effectuent, sauf urgence absolue, durant les heures de visibilité réduite, c’est-à-dire juste avant l’aube ou au crépuscule. Le reste du temps, les drones ennemis bourdonnent dans les airs, scrutant tout mouvement, tout véhicule ou tout équipement trahissant la présence de militaires. Pour réduire les chances d’être frappé par un drone, les véhicules circulent à la vitesse maximale.

Un dépôt de drones et d’explosifs d’une unité ukrainienne dans la zone du front de Kourakhove, le 27 novembre 2024.

L’évolution technologique très rapide a favorisé l’émergence de systèmes de brouillage et de reconnaissance électroniques très puissants, capables de couper la communication entre le pilote et son drone, provoquant la perte du second ou la géolocalisation du premier. En conséquence, les Ukrainiens se sont mis à explorer un autre type de guidage au moyen d’un fil optique reliant le drone à son pilote. L’image vidéo demeure ainsi de très grande qualité et l’appareil est insensible au brouillage radio. Les inconvénients sont nombreux : la bobine embarquant le fil est lourde, elle réduit la charge utile et la portée du drone. En outre, ce dernier perd en maniabilité et son fil peut s’accrocher aux aspérités du terrain et aux branches des arbres. Néanmoins, l’usage du drone filaire se développe rapidement des deux côtés du front pour atteindre des cibles peu mobiles et fortement protégées.

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