
« J’avais 9 ans quand je suis arrivé à Paris, en 1997. La première chose qui m’a frappé, c’était l’absence de terre. Chez moi, à Comilla, au Bangladesh, toutes les routes étaient en terre. Quand il pleuvait, le village se transformait en coulées de boue, on en avait partout. Ici, tout avait l’air si propre, si lumineux.
Mon père est venu nous chercher, ma mère, mes deux grandes sœurs, mon petit frère et moi, à l’aéroport, dans un camion qu’on avait dû lui prêter. Mon père, je le connaissais à peine. Il avait quitté le Bangladesh en 1985 pour nourrir la famille, et revenait tous les deux ou trois ans. Je suis né en 1988, et pendant des années, c’est mon oncle que j’ai appelé “papa”. Dans le camion qui nous amenait vers Saint-Denis [en Seine-Saint-Denis], je n’avais pas peur, je ne pleurais pas, je ne comprenais simplement pas ce qui m’arrivait. Je suivais ma mère, et je me disais qu’elle était si forte de tout quitter, avec mon frère de 2 ans dans les bras et ses immenses valises.
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