Des unités de l’armée syrienne à proximité de Souweïda (Syrie), le 14 juillet 2025.

Les forces syriennes ont envoyé des renforts, lundi 14 juillet, dans la province méridionale de Souweïda pour tenter de mettre fin à des affrontements entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes qui ont fait au moins 89 morts en deux jours selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Israël, qui est déjà intervenu ces derniers mois en Syrie sous prétexte de protéger les Druzes a annoncé, lundi, être intervenu dans la région : « L’armée a attaqué plusieurs chars [des forces gouvernementales syriennes, dont des membres combattent aux côtés des Bédouins] il y a peu de temps dans la zone située entre Souweïda et Samia, dans le sud de la Syrie », a annoncé l’armée dans un message posté sur les réseaux sociaux.

Ces nouvelles violences intercommunautaires illustrent les défis sécuritaires auxquels fait face le pouvoir intérimaire d’Ahmed Al-Charaa depuis qu’il a renversé le président Bachar Al-Assad en décembre 2024 dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.

Lundi, les affrontements se poursuivaient aux abords de la ville de Souweïda, aux mains des combattants druzes, ont précisé l’OSDH et le site d’information local Suwayda 24. Ils opposent « des tribus bédouines et des membres des forces de sécurité aux combattants druzes », a affirmé l’OSDH.

Dans la ville, où des explosions et tirs ont été entendus, un petit nombre d’habitants ont participé aux funérailles de combattants tués dans les affrontements qui ont éclaté dimanche, selon un photographe de l’Agence France Presse (AFP).

Les chefs religieux druzes ont appelé au calme et l’un des plus influents, cheikh Hikmat Al-Hijri, a réclamé une « protection internationale immédiate » pour sa communauté, affirmant refuser l’entrée des forces gouvernementales dans les zones contrôlées par les Druzes.

Déploiement de troupes syriennes

Dans un communiqué, le ministère de la défense syrien a annoncé le déploiement d’« unités militaires dans les zones touchées », « l’ouverture de passages sûrs aux civils » ainsi que sa volonté de « mettre fin aux heurts rapidement ».

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Un correspondant de l’AFP a vu des renforts acheminés par le ministère de la défense se diriger vers les abords de Souweïda alors que des ambulances évacuaient des victimes vers les hôpitaux de Damas.

Les affrontements avaient éclaté dimanche après l’enlèvement d’un commerçant druze par des Bédouins qui ont installé des barrages sur la route reliant Souweïda à Damas, selon l’OSDH.

Le ministre de l’intérieur syrien, Anas Khattab, avait estimé, dimanche, que l’« absence d’institutions étatiques, militaires et sécuritaires » était « une cause majeure des tensions persistantes à Souweïda ».

L’OSDH a fait état, lundi, d’un nouveau bilan de 89 morts, parmi lesquels 50 Druzes – 46 combattants, deux femmes et deux enfants – 18 Bédouins, 14 membres de forces de sécurité et 7 personnes qui n’ont pas été identifiées. Le ministère de la défense a, pour sa part, annoncé plus de 30 morts et une centaine de blessés.

De fortes tensions couvaient depuis les heurts interconfessionnels en avril entre combattants druzes et forces de sécurité dans les zones druzes proches de Damas et à Souweïda, qui avaient fait plus de 100 morts. Des membres de tribus bédouines sunnites de Souweïda avaient participé aux affrontements aux côtés des forces de sécurité, selon l’OSDH. A l’époque, des chefs locaux et religieux avaient conclu des accords, en vertu desquels des combattants druzes assurent depuis mai la sécurité dans la province.

La province de Souweïda abrite la plus importante communauté druze du pays, une minorité ésotérique issue de l’islam qui compte quelque 700 000 membres en Syrie.

Les Druzes sont répartis entre la Syrie, le Liban et Israël où quelque 152 000 d’entre eux sont recensés, selon les dernières données disponibles. Ce chiffre inclut les 24 000 Druzes habitant la partie occupée du Golan, dont moins de 5 % ont la nationalité israélienne. A la suite des affrontements d’avril, Israël avait invoqué la protection des Druzes pour justifier plusieurs frappes en Syrie.

Le Monde avec AFP

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