• Le bilan des violences qui ont touché ces derniers jours le sud de la Russie ne cesse de s’alourdir : il grimpe désormais à 594 personnes, selon une ONG.
  • Les forces gouvernementales, déployées sur place pour rétablir l’ordre selon le pouvoir, sont accusées de nombreuses exactions.
  • Elles s’étaient retirées complètement ce jeudi à l’aube, par crainte d’une escalade avec Israël, mais l’État hébreu a lancé un nouveau raid ce jeudi soir, selon une agence syrienne.

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Syrie : la difficile transition après la chute de Bachar al-Assad

Au fil des heures, les chiffres ne font que grimper. Le bilan des violences qui ont embrasé le sud de la Syrie s’est encore alourdi : en quatre jours, 594 personnes ont été tuées, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). En parallèle, selon une agence officielle syrienne, Israël a lancé un raid aux abords de la ville à majorité druze de Soueida, où les forces gouvernementales viennent de se retirer (nouvelle fenêtre). De son côté, la présidence syrienne a accusé jeudi soir les combattants druzes de violation du cessez-le-feu. 

De premiers affrontements avaient éclaté dimanche entre tribus bédouines sunnites et combattants druzes, aux relations tendues depuis des décennies. Le gouvernement syrien est alors intervenu avec l’objectif affiché de rétablir l’ordre et a déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. Mais les troupes gouvernementales et les groupes qui leur sont alliés ont été accusés par des ONG, des témoins et des groupes druzes de nombreuses exactions, dont des exécutions sommaires. 

Un bilan humain vertigineux, des membres gouvernementaux mis en cause

Au fil des dernières heures, le bilan des violences dans cette province n’a cessé de s’alourdir. Selon le dernier en date, ce jeudi soir, 594 personnes ont perdu la vie en quatre jours, a annoncé l’ONG l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). D’après elle, 300 druzes de Soueida figurent parmi les morts, dont 154 civils y compris 83 « exécutés sommairement par des membres (des forces relevant) des ministères de la Défense et de l’Intérieur »

Les combats ont également coûté la vie à 257 membres des forces gouvernementales  et à 18 combattants bédouins sunnites, en plus de trois membres de tribus « exécutés sommairement par des combattants druzes », selon la même source. Le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a lui assuré que les auteurs d’exactions contre « notre peuple druze, qui est sous la protection et la responsabilité de l’État », « rendront des comptes ».

Le recensement des morts s’est intensifié depuis le retrait des forces gouvernementales de la zone, ordonné par le dirigeant intérimaire, à la tête d’une coalition de groupes rebelles islamistes sunnites (nouvelle fenêtre). Dans la nuit de mercredi à jeudi, il a annoncé le transfert « à des groupes locaux » et des dignitaires religieux druzes de la responsabilité du maintien de la sécurité à Soueida. Des membres de ces forces du gouvernement ont confirmé à l’AFP avoir achevé leur retrait jeudi à l’aube.

Les habitants de la ville ont alors découvert des rues sinistrées. Un correspondant de l’AFP a compté 15 cadavres gisant dans le centre. Devant l’hôpital principal, des familles cherchaient leurs proches dans un climat de colère et de peur. Selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU, « près de 2.000 familles ont été déplacées » en raison des violences à travers la province. 

Un nouveau raid israélien signalé, malgré le retrait des forces gouvernementales

Pour justifier le retrait de ses forces de la province, Ahmad al-Chareh a déclaré souhaiter éviter une « guerre ouverte » avec Israël, qui abrite une minorité druze et affirme vouloir défendre cette communauté en Syrie. L’armée israélienne avait bombardé plusieurs cibles au cœur de Damas dont le QG de l’armée mercredi, faisant trois morts selon les autorités. D’après l’OSDH, 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans les frappes israéliennes, alors qu’un journaliste a été tué en couvrant les violences. 

L’État hébreu avait menacé mercredi d’intensifier ses frappes si les forces syriennes ne quittaient pas cette province. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a évoqué jeudi un cessez-le-feu obtenu « par la force ». Mais l’agence officielle syrienne Sana a fait état ce jeudi soir d’un raid israélien aux abords de Soueida, le premier depuis le retrait des forces gouvernementales. 

Les États-Unis nient tout soutien aux attaques israéliennes

Quelques minutes plus tôt, la Maison Blanche avait estimé que la désescalade « sembl[ait] continuer ». « Dès que les États-Unis se sont impliqués dans le conflit, nous avons été capables d’entraîner une désescalade », a assuré sa porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, précisant que Washington continuait « d’observer de manière très active la situation ». Le pays, allié d’Israël et qui affiche son soutien au nouveau dirigeant syrien (nouvelle fenêtre) malgré son passé jihadiste, avait annoncé mercredi un accord pour rétablir le calme en Syrie.

Quant aux frappes israéliennes en Syrie, « les États-Unis n’ont pas soutenu », a déclaré ce jeudi également à la presse la porte-parole du département d’État Tammy Bruce, qui avait appelé le pouvoir syrien à se retirer de la zone de conflit afin d’apaiser les tensions avec Israël. Elle s’exprimait avant les informations faisant état d’un nouveau raid israélien ce jeudi soir. Par ailleurs, elle a cependant refusé de dire si Washington a exprimé son désaccord auprès d’Israël ou si les États-Unis s’opposaient à d’autres bombardements israéliens en Syrie.

Ces violences ont ravivé le souvenir des massacres sur la côte syrienne en mars (nouvelle fenêtre), où plus de 1.700 civils, majoritairement alaouites, ont été tués. Ahmad al-Chareh avait fait la même promesse après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite, dont est issu Bachar el-Assad, dictateur tombé en décembre dernier, après plus de 13 ans au pouvoir. Mais une commission d’enquête sur ces massacres n’a jamais rendu ses conclusions.

M.L. avec AFP

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