
Dès la fin du printemps, les tilleuls se parent de petites grappes blanches aux effluves subtils et miellés. « Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L’air est parfois si doux qu’on ferme la paupière… », soufflait Arthur Rimbaud (Roman, 1870). Humer cet air embaumé est à la portée de toutes les narines. Mais qui s’intéresse à l’envers du décor ? Si vous avez la curiosité de cueillir une feuille de cet arbre, pourtant, vous pourrez y faire une intrigante observation.
Vous découvrirez, au revers du limbe foliaire, de drôles de petites structures, tapissées d’un fin duvet brun. Toutes rassemblées près du pétiole, là où naissent les nervures avant qu’elles ne divergent. Vus de plus près, ces poils denses délimitent des dépressions triangulaires, pourvues d’un infime orifice.
Ces antres lilliputiens témoignent d’un cas de mutualisme parfait – et parfaitement méconnu. Protégés par leurs poils, ils offrent autant de refuges à des hôtes minuscules : des acariens. Les savants, qui aiment à nommer leurs découvertes d’après le grec ou le latin, les ont baptisées « domaties d’acariens » (du latin domus, maison).
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