Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé jeudi que les prix de l’électricité pour les Français aux tarifs réglementés allaient baisser de 14% en février, contre 9% initialement prévus.
Il s’agit en fait d’un retour à la normale : la taxe sur l’électricité revient à son niveau d’avant crise.
C’était notamment une demande du Rassemblement national, qui menace le gouvernement d’une motion de censure.

Suivez la couverture complète

Crise de l’énergie en France

Le gouvernement a finalement décidé de lâcher du lest sur les tarifs de l’électricité , face à la fronde des sénateurs, d’une partie des députés et la menace d’une motion de censure du Rassemblement national en partie justifiée par ce sujet. Auprès du Figaro (nouvelle fenêtre), le Premier ministre Michel Barnier annonce que les prix de l’électricité vont baisser de 14% en février (pour 80% des Français, abonnés aux tarifs réglementés ou à des offres indexées sur ces tarifs) : soit plus que les 9% initialement annoncés lors de la présentation du projet de loi de finances (nouvelle fenêtre).

« J’ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l’électricité dans le projet de loi de finances 2025« , assure le Premier ministre. Ce n’est pas toutefois exact : car il y aura bien une hausse de la TICFE, la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité, mais inférieure à la hausse initialement prévue.  Son entourage confirme.

Une TICFE de 21 euros à environ 32 euros du MWh

Concrètement, la TICFE va revenir à son niveau d’avant la crise énergétique : aux alentours de 32 euros du mégawattheure (un chiffre qui peut encore évoluer en prenant en compte d’autres éléments, dont l’inflation). 

Fixée à un euro pendant la crise, pour amortir la hausse des prix de l’énergie, la TICFE était passée à 21 euros du MWh en début d’année. « On en reste à ce que prévoit le droit sans intervention supplémentaire », confirme l’entourage de Michel Barnier. « Donc, retour au tarif avant bouclier tarifaire. » Soit environ 32 euros du MWh (chiffre encore à préciser, donc).

« Le gouvernement considère que revenir au niveau d’avant crise, ce n’est pas une hausse », commente un observateur. « Mais c’est un taux de taxe, et il est plus élevé que l’année précédente, donc il s’agit bien d’une hausse. Si le gouvernement avait maintenu le taux en l’état, soit 21 euros du MWh, les factures auraient diminué de 19% en février.« 

La hausse de la TVA maintenue

Par ailleurs, le gouvernement ne touche pas à la hausse prévue de la part fixe de la TVA sur les abonnements, qui va passer en février de 5,5% à 20%. À l’époque de la présentation du budget , l’exécutif avait justifié cette hausse par la réglementation européenne, supposant la même part de TVA pour la part fixe et la part variable. Mais le gouvernement aurait pu faire un autre choix : par exemple, maintenir la part fixe de la TVA à 5,5% (cette disposition n’avait fait l’objet d’aucun recours en Europe) ou bien décider de passer toute la TVA à 5,5%, avec, là aussi, une incidence plus forte sur la baisse des factures.

Mais les contraintes budgétaires sont là : la hausse de la TVA et la hausse de la TICFE, même moindre, apporteront des recettes. Initialement, dans le projet de loi de finances, la mesure devait rapporter trois milliards d’euros. La décision prise par Michel Barnier jeudi va réduire cette somme, sans que celle-ci ait encore été chiffrée. La différence pourrait être compensée si, comme l’ont voté les sénateurs mardi soir, une hausse de la taxe sur le gaz est actée . Celle-ci pourrait rapporter un milliard d’euros.

Par ailleurs, ce « -14% » sur les factures pourrait encore bouger : la Commission de régulation de l’énergie a en effet lancé des consultations sur l’idée d’anticiper la hausse du TURPE, le tarif d’utilisation du réseau, prévue à l’été 2025, dès le mois de février. Mais ce sujet n’a pas encore été tranché.

Depuis plusieurs jours, le sujet des prix de l’électricité occupait les débats, le RN agitant la menace d’une motion de censure. « Que ce soit dans ma majorité ou les chefs de l’opposition que j’ai reçus : presque tous m’ont demandé d’évoluer« , s’est justifié Michel Barnier dans son entretien au Figaro, pour expliquer son revirement.


Marianne ENAULT

Partager
Exit mobile version