Le président de la République se rend ce samedi en Alsace pour visiter le seul camp de concentration nazi érigé sur le territoire français, à l’occasion des 80 ans de la Libération de Strasbourg.
Il y rencontrera Henri Mosson, 100 ans, l’un des derniers survivants de ce camp.
Découvrez son témoignage.
« Vous êtes entrés ici par la grande porte et vous en ressortez par la cheminée. » Voilà le destin que promettaient en 1943 les Allemands à Henri Mosson, ancien détenu français au camp nazi de Natzwiller-Struthof (Bas-Rhin). Plus de huit décennies plus tard, le centenaire assistera ce samedi à la visite par Emmanuel Macron du seul camp de concentration érigé sur le territoire français, à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, alors que l’Alsace était annexée de fait par le IIIe Reich. Cet ancien condamné à mort fait partie des derniers déportés français encore vivants.
Engagé dans la Résistance avec des amis dès ses 17 ans, Henri Mosson est arrêté dans un maquis près de Dijon et condamné à mort le 29 juin 1943. En novembre, il est envoyé au camp du Struthof , là où 40% des détenus ne sortiront jamais. Il est classé « Nacht und Nebel » (nuit et brouillard), comme tous les opposants politiques voués à disparaître sans laisser de traces.
« Un facteur chance »
« La durée de vie moyenne pour un Français ne parlant pas allemand, c’était entre 90 et 100 jours », se rappelle-t-il aujourd’hui (voir vidéo en tête de cet article). La langue allemande, lui, l’a sans doute sauvé. Alors qu’il devait coudre son numéro, le 6290, sur son vêtement, Henri Mosson l’écrit de travers. « Je me suis alors pris la plus grande claque de ma vie », raconte-t-il à l’AFP. « J’ai lancé au SS un ‘warum ?’ (pourquoi ?). Il a compris que je parlais allemand. J’ai alors été affecté à la désinfection des vêtements avec lesquels les détenus arrivaient. C’était un peu une planque. »
Près d’un an plus tard, fin août 1944, à l’approche des Alliés, les nazis évacuent le Struthof. Les détenus, dont Henri Mosson, sont transférés vers d’autres camps, pour finir à celui de Munich-Allach. Le centenaire en ressortira vivant, là encore, mais très affaibli : il pèse alors 38 kilos. « Dans la vie, il y a un facteur chance », souligne auprès de LCI celui qui a ensuite passé une partie de sa vie à transmettre la mémoire de la déportation.
« Il faut informer les jeunes. On ne sait pas ce qui peut arriver », insiste-t-il dans des propos rapportés par l’AFP. « Vous pouvez avoir les Russes dans deux mois, ça peut recommencer. Vous avez vu l’Ukraine… »