L’année 2024 a été marquée par de nombreux phénomènes météo violents en France.
Des crues et inondations du début d’année à la destruction du hameau de la Bérarde et au cyclone Chido, le pays a payé un lourd tribu.
Des phénomènes, pour la plupart, renforcés par le changement climatique.

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Notre planète

Beaucoup se souviendront de l’année 2024. Année parmi les 10 plus pluvieuses en France (nouvelle fenêtre) et les 5 plus chaudes jamais enregistrées, elle a été marquée par de nombreux événements météorologiques violents touchant la plupart des régions. Dans son « Bilan climatique de l’année 2024 », Météo-France dresse ainsi une liste détaillée des phénomènes remarquables (nouvelle fenêtre) survenus ces 12 derniers mois. 

« Les épisodes pluvieux, souvent intenses, ont été responsables de crues subites ou d’ampleur, et d’inondations, parfois à répétition », pointe l’organisme qui note également « plusieurs épisodes orageux » qui ont « été particulièrement violents, accompagnés de précipitations intenses et de gros grêlons ». Tour d’horizon des événements marquants de l’année. 

Événements les plus remarquables en 2024 en France hexagonale et Corse entre le 1ᵉʳ janvier et le 10 décembre 2024 – Météo-France

Crues record dans les Hauts-de-France

La fin d’année 2023 particulièrement pluvieuse s’est poursuivie sur le début de l’année 2024 avec des « précipitations très abondantes sur des sols déjà saturés ». Des conditions qui ont provoqué de nombreuses crues et inondations, notamment dans les Hauts-de-France, qui ont connu « plus de 60 mm en quatre jours au Touquet », dans le Pas-de-Calais, venant s’ajouter aux 560 mm tombés depuis la mi-octobre 2023. 

Le territoire est particulièrement sensible aux aléas. Selon un rapport publié par l’ONG Réseau action climat (nouvelle fenêtre), 63% des communes y sont exposées à des risques climatiques – un chiffre qui grimpe à 81% pour le Pas-de-Calais et 95% pour le Nord – alors que six communes sur dix dans les Hauts-de-France (nouvelle fenêtre) sont exposées au risque d’inondation. 

La Bretagne sous la neige

Alors que dans le contexte du changement climatique, la neige en plaine est de moins en moins fréquente (nouvelle fenêtre), le nord de la France a connu un épisode remarquable du 16 au 18 janvier. De la neige et du verglas ont entraîné la mise en alerte de la Bretagne avec des cumuls parfois importants. Météo-France a ainsi relevé jusqu’à 10 cm, voire 15 cm, localement dans les Hauts-de France et la Normandie (nouvelle fenêtre), des quantités rares dans ces régions ces dernières années.

La tempête Nelson

La fin du mois de mars et le début du mois d’avril ont été marqués par la tempête Nelson durant le week-end de Pâques. Les précipitations abondantes ont provoqué des crues majeures et des inondations du Limousin au Centre Val de Loire en passant par la Bourgogne. « Il est tombé localement sur des sols saturés plus d’un mois de précipitations en cinq jours comme à Autun (Saône-et-Loire) avec 78,2 mm », pointe Météo-France dans son bilan.

La Moselle et le Bas-Rhin sous l’eau

Du 17 au 19 mai, la Moselle et le Bas-Rhin ont connu d’importantes précipitations, avec « jusqu’à deux mois » de pluies mesurées « en deux jours », rappelle le prévisionniste. Les deux départements ont été touchés par de nombreuses crues, d’importantes inondations et coulées de boue (nouvelle fenêtre). Par exemple, en Moselle, sur la commune de Porcelette, il est tombé 97,3 mm de pluie en 24 heures.

La Bérarde, hameau dévasté

Les images sont impressionnantes. Les 20 et 21 juin, des crues torrentielles et destructrices ravagent le hameau de La Bérarde en Isère. Une catastrophe due à deux phénomènes combinés : des pluies intenses en 48h avec, par exemple, 115 mm tombés à Saint-Christophe-en-Oisans, associées à la fonte accélérée du manteau neigeux et à la vidange du lac caché de près de 100.000 m³ sous le glacier de Bonne Pierre. En France, les glaciers sont particulièrement surveillés, frappés de plein fouet par le changement climatique et avec  » de grandes quantités d’eau qui peuvent être stockées sous ces étendues de glace », pointait en novembre à TF1info Olivier Gagliardini, chercheur à l’Institut des Géosciences de l’Environnement (IGE).

Les pluies diluviennes des Pyrénées et tempête Kirk

Du 5 au 7 septembre, c’est l’ouest des Pyrénées qui est frappé par d’importantes pluies, avec entre 100 et 200 mm tombés en deux jours, entraînant des crues rapides et des inondations dans les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantique et « localement jusqu’à 150,8 mm en 12 heures à Gavarnie », pointe Météo-France.

Un mois plus tard, la tempête Kirk frappe une grande partie ouest de la France avec des cumuls souvent proches d’un mois de pluie en une journée, entraînant d’importantes crues et inondations, notamment en Seine-et-Marne et Eure-et-Loire. Météo-France a ainsi relevé 72 mm le 9 octobre sur la commune de Nogent-le-Rotrou, en Eure-et-Loire. Une dépression amplifiée d’environ 20% par le changement climatique, selon les chercheurs de ClimaMeter. 

Épisode cévenol exceptionnel

Quelques jours après le passage de l’ex-cyclone Kirk, un épisode cévenol exceptionnel frappe les départements méditerranéens. Les précipitations intenses et durables provoquent de nombreuses crues et inondations, parfois dévastatrices, avec, par exemple, jusqu’à 694 mm d’eau relevés en 60 heures à Mayres, en Ardèche. « D’autres départements ont également été concernés par des crues et inondations au passage de la dépression Leslie le 15 octobre, notamment la région parisienne et le Centre – Val de Loire », pointe Météo-France.

Gaetano et d’importantes chutes de neige

Les 21 et 22 novembre ont été remarquables en raison de l’épisode neigeux qui a touché la France. La tempête Caetano a provoqué un premier épisode hivernal précoce pour la saison, avec « neige et vents forts de la Normande au Grand-Est ». Les cumuls de neige ont été localement remarquables : 8 cm à Rouen (Seine-Maritime) et Trappes (Yvelines) et jusqu’à 15 cm à Sélestat (Bas-Rhin) et 16 cm à Roissy (Val-d’Oise). 

Le coût payé par les territoires ultramarins

Au-delà de la France métropolitaine, les territoires ultramarins ont également connu des phénomènes dévastateurs. Du 13 au 16 janvier, le cyclone Belal frappe La Réunion avec des rafales jusqu’à 175 km/h et des cumuls de pluies supérieurs à 1000 mm. L’île n’avait pas connu de cyclone aussi puissant depuis Dina, en 2002. En février, c’est la Polynésie française qui est touchée par de fortes précipitations avec 160 mm relevés en 23 heures le 11 février aux Îles Sous-le-Vent, tandis que Saint-Pierre-et-Miquelon connaît une tempête de neige remarquable les 14 et 15 février, avec plus de 50 cm en quelques heures, des vents violents et la formation de congères importantes. 

Les 30 juin et 1ᵉʳ juillet, c’est l’ouragan Béryl qui frappe la Martinique alors que la tempête tropicale Ernesto touché la Guadeloupe les 12 et 14 août avec des rafales atteignant les 134 km/h à Saint-Martin Grand-Case. Le 14 décembre dernier, enfin, la France connaît l’une des pires catastrophes climatiques de son histoire avec le cyclone Chido qui dévaste le petit archipel de Mayotte. Il s’accompagne de rafales jusqu’à 226 km/h à Pamandzi (Petite-Terre) et des cumuls de pluie dépassant 176 mm en 12 heures localement. « L’impact cyclonique est exceptionnel pour le département, bien supérieur à celui du cyclone Kamisy (avril 1984) qui était la dernière référence cyclonique en date. Il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver trace d’un cyclone aussi violent sur l’île aux parfums », pointe Météo-France. 

Les événements climatiques extrêmes en France et à travers le monde sont rendus plus probables et plus violents par le changement climatique dû aux activités humaines. Selon les indicateurs de Météo-France, les pluies extrêmes ont augmenté de 12% en région méditerranéenne sur la période 1961-2024, tandis que sur la période 2015-2024, la température a augmenté de 2,2°C en France par rapport à 1961-1990. 


Annick BERGER

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