- Des militaires ont fait irruption à la télévision ce dimanche au Bénin, disant avoir destitué le président Patrice Talon.
- Le gouvernement a rapidement annoncé que la tentative de putsch avait été déjouée.
- Une douzaine de soldats ont été arrêtés.
Un coup d’Etat évité de justesse au Bénin ? Des soldats ont déclaré ce dimanche matin à la télévision publique qu’ils s’emparaient du pouvoir afin de démettre de ses fonctions le président Patrice Talon. La tentative de putsch a tourné court : quelques heures plus tard, le gouvernement a annoncé leur arrestation.
Les téléspectateurs ont vu leurs programmes interrompus quand 8 militaires, coiffés de bérets aux couleurs variées et armés de fusils d’assaut, se sont présentés face caméra comme le « Comité militaire pour la refondation » (CMR). Ils ont annoncé la destitution du président Patrice Talon et proclamé un lieutenant-colonel « président du CMR
« .
Des coups de feu entendus à Cotonou
Les militaires ont justifié leur initiative par la « dégradation continue de la situation sécuritaire au nord du Bénin
« , la « négligence envers les soldats tombés au front et leurs familles laissées à leur sort
« , ainsi que par « des promotions injustes au détriment des plus méritants
« . Les putschistes ont également dénoncé une remise en cause « déguisée des libertés fondamentales »
par le pouvoir et présenté des revendications sociales.
Peu après la prise de parole des militaires, des coups de feu ont été entendus dans Cotonou, la capitale économique, et des soldats bloquaient l’accès au palais présidentiel. Ailleurs dans la ville, les habitants vaquaient à leurs occupations habituelles. Il faut dire que la situation est rapidement redevenue calme : l’entourage du président Talon, affirmant qu’il était en sécurité, a annoncé que l’armée reprenait progressivement le contrôle de la ville. « Il s’agit d’un groupuscule de personnes qui ont uniquement la télévision. L’armée régulière reprend le contrôle. La ville (Cotonou) et le pays sont totalement sécurisés »
, a détaillé à l’AFP une source proche du pouvoir.
L’accès à la télévision nationale et à la présidence était bloqué par des militaires et plusieurs zones, notamment l’hôtel Sofitel et les quartiers regroupant des institutions internationales, étaient également interdites. Une source militaire a confirmé que la situation était « sous contrôle » et que les putschistes n’avaient pris « ni le domicile du chef de l’État
« , ni « la présidence de la République
. » Les autorités ont finalement annoncé en début d’après-midi l’arrestation d’une douzaine de militaires.
L’histoire politique du Bénin a été jalonnée de plusieurs coups d’État ou tentatives. Le principal parti d’opposition est écarté de la course qui opposera le parti au pouvoir et un adversaire dit « modéré ». S’il est salué pour le développement économique du Bénin, Patrice Talon est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans un pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.
L’Afrique de l’Ouest a connu de nombreux coups d’État depuis le début de la décennie, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée et plus récemment, fin novembre, en Guinée-Bissau.

