En salles en France ce mercredi, le film d’horreur américain « Terrifier 3 » vient d’être interdit aux moins de 18 ans.
Une « sanction » rare qui, depuis vingt ans, n’est en général attribuée qu’à des films contenant des scènes de sexe explicites.
Pur produit du cinéma underground, cette saga est née de l’imagination de Damien Leone, un passionné du genre.
C’est une première pour un film d’horreur en France depuis Saw 3 en 2006. En salles ce mercredi 9 octobre, Terrifier 3 sera interdit aux spectateurs de moins de 18 ans, une décision annoncée en fin de semaine dernière par la commission de classification du CNC (Centre National de la Cinématographie). Contestée par ses distributeurs, elle n’empêchera pas sa sortie. Mais elle vient ajouter un parfum de soufre à ce pur produit du cinéma alternatif américain.
Terrifier, c’est l’enfant terrible du réalisateur américain Damien Leone, un passionné de films d’horreur originaire de New York. À la fin des années 2000, il crée le personnage de Art the Clown, un serial killer pervers qui apparaît dans plusieurs de ses courts-métrages, réunis en 2013 dans l’anthologie All Hallows’ Eve, avant d’être la « vedette » trois ans plus tard de Terrifier, une petite production fauchée de 35.000 dollars qui séduit les fans du genre par son mélange d’humour noir… et de violence extrême.
Malaises et vomissements dans les salles
Durant la fête d’Halloween, plusieurs jeunes femmes tentent d’échapper, en vain, au bourreau à la tronçonneuse, incarné avec une jubilation certaine par l’acteur David Howard Thornton. Mutilations, dépeçages, geysers d’hémoglobine et hurlements d’effroi… Damien Leone ne recule devant aucun excès. Et ça marche. Avec plus de 400.000 dollars de recettes sur un circuit encore restreint, il donne naissance à un phénomène underground qui fera passer la saga Scream pour un gentil programme pour enfants.
Sorti aux États-Unis à l’automne 2022, Terrifier 2 introduit le personnage de Sienna Shaw et de son petit frère Elliott, traqués sans relâche par un Art the Clown toujours plus sadique. À l’époque, la presse généraliste se fait l’écho de nombreuses séances au cours desquelles des spectateurs se sont évanouis, avant ou après avoir vomi…. Tournée, cette fois, pour 250.000 dollars, cette suite hardcore engrange 15,7 millions de recettes, toujours en marge du système hollywoodien.
Si le premier volet est seulement disponible en VOD, Terrifier 2 sort dans les salles françaises en janvier 2023, assorti d’une interdiction aux moins de 16 ans, et attire un peu plus de 70.000 spectateurs. En salles en France trois jours avant les États-Unis, le troisième est donc un petit événement, « freiné » par la décision tardive de la commission de classification. Son interdiction aux moins de 18 ans ne condamne pas sa sortie mais pourrait dissuader certains directeurs de salles de le mettre à l’affiche ce mercredi, histoire de s’éviter malaises/et ou débordements.
D’après le décret du 23 février 1990 (article 3-1), l’interdiction aux moins de 18 ans s’applique aux œuvres qui comportent « des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence mais qui, par la manière dont elles sont filmées et la nature du thème traité ne justifient pas d’un classement X ». Ces vingt dernières années, elle a plutôt frappé des films qui présentaient des scènes de sexe explicites comme Nymphomaniac – Volume 2 de Lars von Trier, 9 Songs de Michael Winterbottom, ou encore Love de Gaspar Noé. Mais aucun film d’horreur depuis Saw 3 en 2006.
« Terrifier 3 est un film d’auteur s’inscrivant dans la plus pure tradition du genre dit slasher, à la violence parfaitement grand-guignolesque et irréaliste« , plaident les distributeurs ESC Editions, Shadowz Films et Factoris Films. « Le film ne se prend jamais au sérieux, et nous savons que les spectateurs auront toute la distance, toute la maturité nécessaire pour comprendre et appréhender cette démarche artistique« .
Outre-Atlantique, le règne de Terrifier ne fait sans doute que commencer. Alors que le troisième n’est pas encore sorti, Damien Leone planche déjà sur un quatrième opus. Dans une interview accordée en 2022 au site spécialisé Morbidly Beautiful, il assumait avec humour sa passion pour l’horreur. « J’ai fait une petite école de cinéma mais je ne suis pas resté longtemps« , expliquait-il. « Les profs me parlaient de Godard et des gens comme ça. Mais ce n’est pas pour ça que j’ai décidé de faire du cinéma. C’est pour faire un film de clown tueur.«