Le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, doit rencontrer, lundi, en Malaisie, son homologue cambodgien, Hun Manet, en vue de résoudre la crise qui a dégénéré en affrontements meurtriers à leur frontière, a annoncé le bureau du premier ministre thaïlandais, dimanche 27 juillet.
Les discussions, à Kuala Lumpur, visent à « rétablir la paix », a déclaré le porte-parole Jirayu Houngsub, cité dans un communiqué. La Malaisie occupe cette année la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), dont les deux pays voisins sont membres.
La Thaïlande et le Cambodge ont échangé des tirs d’artillerie pour la quatrième journée d’affilée dimanche. Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est sont engagés dans l’épisode le plus meurtrier en près de quinze ans d’un différend territorial au long cours. Les échanges de tirs, bombardements et frappes aériennes ont fait au moins 34 morts et provoqué le déplacement d’environ 200 000 personnes.
Les deux camps, joints samedi par le président américain, Donald Trump, ont assuré vouloir entamer des discussions, mais, dimanche au petit matin, les combats ont repris ; chaque capitale a accusé l’autre de manquer à sa parole.
Relations diplomatiques tendues
Une porte-parole du ministère de la défense cambodgien, Maly Socheata, a affirmé que la Thaïlande avait attaqué à 4 h 50 (23 h 50, samedi, à Paris) deux temples contestés dans le Nord-Ouest, théâtre des premiers affrontements survenus jeudi matin. Bangkok a commis des « actes d’agression délibérés et coordonnés », a-t-elle déclaré dans un communiqué, en dénonçant les « mensonges et prétextes » de l’armée thaïlandaise pour justifier l’« invasion illégale » du territoire cambodgien.
Le ministère des affaires étrangères thaïlandais a évoqué, de son côté, des « tirs d’artillerie lourde » de l’armée cambodgienne visant des « maisons de civils » dans la province de Surin, aux alentours de 4 h 30 (23 h 30, samedi à Paris). « Toute cessation des hostilités est impossible tant que le Cambodge fait preuve d’un manque flagrant de bonne foi et continue de violer de manière répétée les principes fondamentaux des droits humains et du droit humanitaire », a fait savoir la diplomatie thaïlandaise. L’armée thaïlandaise a aussi accusé dimanche le Cambodge de recourir à des « armes à longue portée ».
Ces derniers jours, le conflit s’est répandu sur de multiples fronts, parfois éloignés de plusieurs centaines de kilomètres entre eux, de la province thaïlandaise de Trat, populaire auprès des touristes, sur le golfe de Thaïlande jusqu’à une zone surnommée « le Triangle d’émeraude » pour sa proximité avec le Laos.
Les relations diplomatiques entre les deux voisins, liés par de riches liens culturels et économiques, sont au plus bas depuis des décennies. Les événements en cours ont fait 21 morts du côté thaïlandais, dont huit soldats, alors que le Cambodge a fait état d’un bilan de 13 morts, dont cinq militaires. Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80 000 Cambodgiens de leur côté de la frontière, d’après Phnom Penh.
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Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune, définie durant l’Indochine française. Avant les combats actuels, l’épisode le plus violent lié à ce différend remontait à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins une quarantaine de morts et des dizaines de milliers de déplacés.
Le tribunal des Nations unies a donné raison au Cambodge deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple Preah Vihear, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, et d’une zone alentour.