Michael Fassbender et Cate Blanchett jouent au chat et à la souris dans le nouveau Steven Soderbergh.
Un film d’espionnage plus intimiste que spectaculaire qui multiplie les clins d’œil à la saga « James Bond ».
Super bonus : l’ancien 007 Pierce Brosnan propulsé à la tête du MI6.
Si vous n’avez pas vu le dernier James Bond, Mourir peut attendre, ne poursuivez pas plus loin la lecture de cet article. Les autres, vous êtes prêts ? Depuis que l’espion préféré de Sa Majesté a passé l’arme à gauche dans l’ultime mission de Daniel Craig, son fantôme hante les couloirs de notre MI6 imaginaire. Le héros insubordonné de Ian Fleming, à la fois glamour, brutal et macho, a-t-il encore sa place dans le monde contemporain ? En salles ce mercredi 12 mars, The Insider joue avec les codes de la légende dans un registre toutefois plus intimiste.
Devant la caméra de l’éclectique Steven Soderbergh, Michael Fassbender et Cate Blanchett incarnent George Woodhouse et Kathryn St. Jean, un couple d’espions anglais aussi élégants qu’affutés. Au début du film, Monsieur apprend que Madame figure sur une liste de collègues soupçonnés d’avoir trahi la nation. Troublé, il décide de cuisiner les suspects lors d’un dîner un brin « épicé » qui se conclut par un jeu de rôles de maison, destiné à débusquer le moindre indice. Autour de la table, trois couples, légitimes ou pas. Et autant de possibilités de se compromettre.
Écrit par le prolixe David Koepp, qui s’était frotté au royaume des espions avec le premier Mission : Impossible de Brian De Palma, The Insider troque les scènes d’action au profit d’une succession de tête-à-tête tous plus savoureux les uns que les autres. Les gestes, les regards, les non-dits… James Bond, lui, aurait déjà dégainé son Walter PPK depuis un bail pour faire parler tout ce petit monde. Mais George Woodhouse préfère placer ses pions à la manière d’un joueur d’échecs afin d’avancer jusqu’à la vérité, forcément surprenante.
En version originale, The Insider s’intitule Black Bag, le nom donné aux opérations clandestines qui sont le lot commun de la plupart de ces agents qui opèrent dans l’ombre, sans cocktails ni cascades. Dans le film de Steven Soderbergh, il s’étend à la vie intime des différents protagonistes, presque aussi mouvementée que celle de 007. Plus égalitaire aussi, les personnages féminins refusant de se laisser dicter leur conduite par ces messieurs en costume sur mesure.
Enfin, si l’impassible George Woodhouse est plus proche de l’opaque George Smiley de La Taupe que du nerveux James Bond de Daniel Craig, le cinéaste s’est amusé à l’entourer de plusieurs visages qui raviront les Bondophiles. On pense à Naomie Harris, la dernière Miss Moneypenny en date. À Regé-Jean Page, le jeune loup de Bridgerton dont on murmure le nom pour prendre les clés de l’Aston Martin. Mais surtout à Pierce Brosnan, propulsé patron du MI6, vingt-trois ans après avoir été évincé de la saga. Douce revanche.
>> The Insider de Steven Soderbergh. Avec Michael Fassbender, Cate Blanchett, Pierce Brosnan. 1h33. En salles
