Le réseau social TikTok a annoncé, mercredi 24 avril, qu’il suspendait « volontairement » la fonction de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans, accusée dans l’Union européenne (UE) de susciter l’addiction. « Nos enfants ne sont pas des cobayes pour les réseaux sociaux », a aussitôt réagi le commissaire européen au numérique, Thierry Breton, qui avait annoncé lundi l’ouverture d’une enquête de Bruxelles et menacé de prononcer la suspension dès jeudi.

TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, a lancé son nouveau service controversé en France et en Espagne fin mars. TikTok Lite récompense les utilisateurs avec des jetons s’ils se connectent quotidiennement pendant dix jours, s’ils passent du temps à regarder des vidéos (avec une limite de 60 à 85 min par jour) et s’ils font certaines actions, comme aimer des vidéos et suivre des créateurs de contenus. Ces pièces sont ensuite échangeables contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon.

La Commission européenne, qui joue désormais le rôle de gendarme du numérique dans l’UE, estime que le mécanisme pose « des risques graves pour la santé mentale des utilisateurs ». Or, la plateforme n’a pas communiqué à Bruxelles, avant son lancement, une évaluation des risques, conformément à ses obligations dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA). TikTok avait jusqu’à mercredi « pour fournir les arguments de sa défense », avait-elle fait savoir.

Manquements présumés en matière de protection des mineurs

La Commission européenne avait lancé une première mise en garde le 17 avril, en demandant à la plateforme de fournir sous vingt-quatre heures une évaluation des risques liés à ce déploiement et de détailler les moyens mis en œuvre pour les réduire. Mais « TikTok n’a pas fourni le document dans les délais », a expliqué la Commission. Faute de réponse dans les délais, la Commission pourra imposer des amendes allant jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires mondial annuel du groupe et des astreintes pouvant atteindre 5 % du chiffre d’affaires quotidien.

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La secrétaire d’Etat française chargée du numérique, Marina Ferrari, a fait part de « son inquiétude » dès le lancement de TikTok Lite. Ses services étudient « avec la plus grande attention les mécanismes de l’interface » qualifiés « de dérive contestable » au moment où la France a entamé une réflexion sur le temps d’écran, en particulier chez les jeunes.

La plateforme chinoise était déjà sous le coup d’une enquête de la Commission, ouverte en février, pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs dans le cadre du DSA. Les manquements présumés, avant même le lancement de TikTok Lite, concernaient déjà la gestion des risques liés à la conception addictive et au contenu nocif du réseau social, mais aussi la transparence de la publicité, et l’accès aux algorithmes pour les chercheurs.

Le Monde avec AFP

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