Le petit submersible a implosé lors d’une plongée près du Titanic en juin 2023, tuant ses cinq passagers.
Les garde-côtes américains commencent une enquête publique pour déterminer les causes réelles de la tragédie.
Dès la première audience, d’innombrables dysfonctionnements ont été exposés.

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Le sous-marin Titan a implosé dans l’Atlantique

« Tout va bien ici ». C’est l’un des derniers messages envoyés par l’équipage du Titan au bateau de soutien en surface. Le message est écrit, selon le mode de communication qui reliait les deux bâtiments pendant la plongée, et qui ne laisse pas présager d’une catastrophe. C’est au cours de la première audience publique, initiée par les Garde-côtes américains à Charleston (Caroline du Sud), ce lundi 16 septembre, que ces messages ont été révélés. 

Les autorités maritimes américaines veulent comprendre les causes réelles de la catastrophe du 18 juin 2023, au cours de laquelle le petit submersible de 10 tonnes avait implosé lors d’une plongée en direction de l’épave du paquebot Titanic, à quelque 600 km au large de Terre-Neuve (Canada). Les cinq occupants de ce sous-marin d’observation avaient été tués. Parmi eux, Stockton Rush, le propriétaire de la société qui exploite le Titan, OceanGate, ainsi que l’explorateur français Paul-Henri Nargeolet.

118 incidents techniques en deux ans

C’est de Stockton Rush qu’il a été beaucoup question lors de la première audience à Charleston, comme le rapporte le New

 York Times. Le premier témoin cité est en effet Tony Nissen, un ancien directeur technique d’OceanGate. Il dit avoir été licencié en 2019, justement après avoir refusé de donner son accord pour une plongée sur l’épave du Titanic. Selon lui, la coque du Titan n’était pas sûre, depuis que la foudre l’avait frappée l’année précédente. Stockton Rush avait refusé de prendre ses alertes au sérieux, estimant de son côté que « ça ira[it] bien ».

Surtout, les enquêteurs ont révélé l’ampleur des problèmes techniques qu’avait connus le petit submersible, construit en 2017, dans les deux ans précédant la tragédie : 70 en 2021, et 48 en 2022. Pendant une bonne partie de l’hiver qui a précédé la plongée fatale sur le Titanic, le sous-marin avait été stocké en plein air et sans protection sur un site de la compagnie à Terre-Neuve. Durant la phase de tests, plusieurs incidents troublants s’étaient succédé : un jour, le Titan a été découvert en partie immergé à la suite d’une nuit de mauvais temps, et un autre jour, son équipage a été projeté contre les cloisons lors d’une remontée en surface. Ce dernier dysfonctionnement s’est produit cinq jours avant l’implosion de l’appareil.

Pas de message d’alerte

Pendant toute la descente en direction de l’épave du Titanic, aucune communication ne semble annoncer le moindre problème. Un seul message retranscrit reste énigmatique : l’équipage informe avoir largué deux des poids qui le lestent, ce qui pourrait indiquer une volonté de remonter en surface. En revanche, aucun message ne présage d’un problème ou d’un caractère d’urgence. Lors du dernier reçu par le navire de surface, le brise-glace Polar Prince, le Titan se situait à plus de trois km de profondeur, à l’approche du Titanic qui gît depuis le 15 avril 1912 à 3821 mètres au fond de l’Atlantique. 

Des dizaines de témoins devraient être entendus lors des deux semaines d’audiences publiques, pour essayer de déterminer ce qui a provoqué l’implosion fatale. L’entretien, les choix techniques, mais aussi le design et la conception du Titan, qui ne possédait pas les homologations pour les grandes profondeurs, seront examinés. Au mois d’août dernier, la famille de l’explorateur français Paul-Henri Nargeolet, un spécialiste des grands fonds qui avait plongé des dizaines de fois sur l’épave du Titanic, a porté plainte contre la société OceanGate, pour « négligence grave » ayant entraîné la mort.


Frédéric SENNEVILLE

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