Livre. L’Ecole d’économie de Toulouse est le temple de l’orthodoxie à la française. Son grand prêtre est Jean Tirole, Prix Nobel 2014, et son vicaire général, Christian Gollier, directeur de l’école en fin de mandat. Le premier s’exprime rarement, le second beaucoup. Chaque année, Christian Gollier répète à ses étudiants que « l’économie est un sport de combat » et il le démontre en multipliant les coups de griffe dans des tribunes et des posts sur X. Le livre qu’il publie aux Presses universitaires de France, Economie de l’(in)action climatique (464 pages, 25 euros), ne fait pas exception.

Cet économiste, spécialiste des incertitudes – « et des certitudes », grincent certains de ses collègues –, y règle des comptes avec « les tenants de la décroissance, des interdits, de l’étranglement de l’offre fossile ou de subventions publiques clientélistes ». Dès les premières pages, Christian Gollier égratigne la militante écologiste Greta Thunberg, les étudiants bifurqueurs d’AgroParisTech, les militantes de Just Stop Oil, qui ont « aspergé à la soupe de tomate » un tableau de Vincent Van Gogh – il ne précise pas qu’il était protégé par une vitre –, les membres de la convention citoyenne pour le climat, les écologistes, les « partis de gauche nostalgiques de la planification », et l’on en passe.

Tous ces gens mènent droit au « totalitarisme écologique », ils participent au « refus de penser ». Or, il n’y a pour lui qu’une façon de penser la transition énergétique, la sienne : celle de la « rationalité », de la « science ». Et surtout, la seule qui permettra de ne pas jeter le capitalisme avec l’eau du bain.

Accepter les sacrifices

Car tel est le cœur de l’ouvrage de Christian Gollier : lutter contre l’idée de plus en plus admise que la transition écologique sera impossible sans changer le modèle capitaliste. L’enjeu, à le lire, n’est rien de moins que d’éviter le « délitement des valeurs des Lumières », voire « notre effondrement en tant que civilisation ».

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