C’est un François Mitterrand au visage pâle et émacié, malade – mais ne voulant rien laisser paraître –, qui parcourt les vastes salles de lecture. Il a fallu faire des haltes, une équipe médicale suit, prête à intervenir. Ce 30 mars 1995, les caméras de la télévision ne saisissent de l’inauguration de ce qu’on appelle encore la « Très Grande Bibliothèque » rien d’autre qu’un aréopage de ministres, anciens ou à venir, et dissertent sur la présence, dans la cohorte, de Lionel Jospin et de Jacques Chirac, s’affrontant pour la présidentielle que ce dernier va remporter quelques semaines plus tard.

Mitterrand, lui, est ailleurs. Avec ce jeune architecte, Dominique Perrault, 41 ans, auteur de ce drôle de monument. Quatre tours d’angle aux airs de livres ouverts qui, sur la moitié de leurs vingt étages, emmagasinent les millions d’ouvrages, comme pour montrer symboliquement qu’ici se dresse la maison des savoirs dont rêvait le président.

En contrebas, sous l’esplanade, une ville qu’on ne soupçonne pas : 200 000 mètres carrés de lieux d’études, de magasins pour stocker toujours plus de livres, des salles de conférences, des espaces d’exposition, entourant un jardin clos dans lequel on ne pénètre pas, comme un cloître pour l’apaisement des âmes quand les esprits des chercheurs bouillonnent.

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