Même si rendre service est normal, il faut veiller à ne pas étouffer ses désirs et ses envies pour satisfaire ceux des autres.
En référence à la célèbre princesse, le complexe de Cendrillon est difficile à déceler pour ceux qui en souffrent.
Grâce à un travail sur soi et au soutien de ses proches, on peut s’en sortir et penser (enfin !) à soi.

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Bien dans son corps, bien dans sa tête

Les gens sont de plus en plus gentils. À en croire le rapport mondial sur le bonheur des Nations Unies, une forte hausse de la gentillesse a été constatée dans le monde en 2022. Peut-être, faites-vous partie de ceux qui aiment donner un coup de main ? Toujours est-il que la frontière est parfois mince entre gentillesse et complexe de Cendrillon. 

Apparu pour la première fois en 1981 dans le livre The Cinderella Complex : Women’s Hidden Fear of Independence de la psychanalyste américaine Colette Dowling, ce complexe se destinait à l’époque aux femmes vouées à être des épouses modèles, qui craignaient de devenir indépendantes. En quarante ans, le complexe de Cendrillon a évolué en même temps que la société. Il concerne maintenant les personnes dociles, obéissantes et qui ne savent pas dire « non ».

Qu’est-ce que le complexe de Cendrillon ?

Née sous la plume de Charles Perrault et connue mondialement grâce à Walt Disney, Cendrillon se démarque des autres princesses par son côté très actif. Bien que n’ayant aucune reconnaissance de son travail, elle satisfait les moindres exigences de sa marâtre et de ses deux sœurs. Elle pense enfin à elle lorsqu’elle décide de se rendre au grand bal pour y rencontrer le prince. 

Le psychanalyste Saverio Tomasella, auteur du livre « Se libérer du complexe de Cendrillon« , livre une lecture moderne du conte. Pour lui, il est important de ne pas basculer dans le sacrifice. Cela consiste à mettre tout en œuvre pour répondre aux besoins des autres, quitte à se faire passer après. La personne qui souffre de ce complexe n’agit plus en accord avec ses désirs profonds. 

Pour Saverio Tomasella, le complexe de Cendrillon concerne potentiellement tout le monde, quels que soient l’âge et le sexe. Il intervient dans n’importe quel environnement : sphère familiale, milieu professionnel, relation amicale ou amoureuse, etc. Par exemple, se plier en quatre pour répondre aux besoins de ses enfants et oublier de prendre soin de soi ou remonter le moral d’un ami au téléphone pendant de longues heures au détriment de son travail relèvent de ce complexe. 

Se sacrifier pour les autres, quels risques ?

Faire passer les envies des autres avant les siennes et être entièrement dévoué à autrui comportent des risques sur la santé. Parfois, c’est le corps qui donne l’alerte ou un problème psychique survient. La personne qui souffre du complexe de Cendrillon n’est pas à l’abri d’une dépression ou d’un burn-out. 

Le principal risque est de s’oublier complètement et de ne vivre que pour les autres. Comme n’importe quel complexe, celui-ci oriente toute l’existence, explique Saverio Tomasella. Pour supporter la situation et la justifier, certaines personnes adoptent des formulations comme « mes proches sont contents » ou « j’y trouve mon intérêt« . Mais la réalité est tout autre. 

Les clés pour s’en libérer et apprendre à dire « non »

En général, les personnes qui souffrent du complexe de Cendrillon ne se rendent pas compte de la situation. L’entourage (famille, amis, collègues…) joue alors un rôle important dans la prise de conscience. Il doit aussi offrir son soutien lors de la transformation. Ne plus solliciter l’aide de la personne complexée n’est pas suffisant. Celle-ci a bien souvent besoin de suivre une thérapie pour se libérer de l’idée qu’on a besoin d’elle et pour apprendre à dire « non ». Pour s’en sortir, il est nécessaire de se recréer un espace intérieur de pensée et de retrouver du temps à se consacrer. Pratiquer des activités (loisir, sport…) que l’on aime permet de se faire du bien et de penser à soi avant les autres. 


Emilie CARTIER pour TF1 INFO

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