Le chef d’état-major de l’armée ukrainienne a demandé lundi l’ouverture d’une enquête pour trois « actes de violences » commis contre du personnel de recrutement militaire.
La mobilisation suscite un vif débat dans le pays, où des milliers d’hommes tentent de fuir l’enrôlement.

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Ukraine : bientôt trois ans de guerre

Le recrutement militaire exacerbe les tensions en Ukraine. Déjà vivement critiquée par les civils, la campagne de recrutement pour envoyer des soldats sur le front a connu un weekend marqué par trois « actes de violences honteux« , selon le chef d’état-major. Plus exactement des attaques inédites, symbole d’un système à bout de souffle après trois ans de conflit.

Samedi, dans l’ouest du pays, à Rivné, des membres des forces armées ukrainiennes ont ainsi été visés par le déclenchement d’un engin explosif tuant une personne et blessant six autre. Dimanche, une explosion a eu lieu près d’un centre de recrutement dans la région de Dnipropetrovsk. Puis, le même jour, un homme armé d’un fusil de chasse a abattu un soldat chargé du recrutement à Poltava, dans l’est du pays. Il s’est enfuit avec un conscrit avant leur arrestation.

« Corriger les erreurs »

Jamais le personnel chargé du recrutement n’avait été visé à ce point. Cela traduit néanmoins une réalité : la mobilisation militaire est à la peine en Ukraine, où les recrues manquent cruellement sur le front. De nombreux hommes se cachent, payent des pots-de-vin ou tentent de fuir à l’étranger pour éviter d’être envoyés sur le front. Oleksandre Syrsky, le chef d’état-major de l’armée ukrainienne, a d’ailleurs reconnu dimanche que les forces armées tentent de « corriger les erreurs et de travailler à l’amélioration de la qualité des centres de recrutement« . 

Déjà compliquée depuis le début du conflit, la mobilisation se révèle de plus en plus tendue en Ukraine. En particulier depuis octobre dernier : le gouvernement a annoncé une nouvelle campagne visant à recruter 160.000 hommes. Les Ukrainiens âgés de 18 à 60 ans ont interdiction de quitter leur pays, sauf exception. 

Ceux voulant échapper à une éventuelle mobilisation franchissent donc la frontière illégalement. Des estimations officieuses font état de milliers, voire de dizaines de milliers, d’Ukrainiens ayant pu partir grâce à des passeurs, à de faux papiers ou à des pots-de-vin versés aux gardes-frontières. Des dizaines d’entre eux ont perdu la vie en tentant de traverser des rivières frontalières à la nage. Face à ces désertions, les autorités tentent de trouver la parade. Des centaines de persistions ont ainsi été menées à travers tout le pays chez « les organisateurs de groupements et leurs participants » qui ont aidé « des centaines d’hommes » à « franchir la frontière en contournant les points de passage officiels« , a affirmé la police. 

Le système de recrutement est également vivement critiqué pour sa corruption et son injustice, ce qui a poussé le président Volodymyr Zelensky à limoger tous les responsables en charge de la mobilisation en 2023. Plusieurs scandales ont également éclaté : le procureur général d’Ukraine, Andriï Kostine, a démissionnéé car une enquête a révélé un système de corruption à grande échelle qui aurait permis à des responsables de ses services d’éviter l’enrôlement dans l’armée. Début octobre, l’équivalent de près de cinq millions d’euros en espèces ont été saisis chez une responsable soupçonnée d’avoir aidé des réfractaires à échapper à la mobilisation.


T.G.

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