Trois ouragans actifs circulent actuellement dans le bassin de l’Atlantique Nord.
Une première pour le mois d’octobre, qui alimente les théories complotistes.
Parmi elles, celle d’une météo qui serait manipulée par le programme HAARP.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Les spécialistes n’ont « jamais vu ça ». Et ils ne parlent pas uniquement du nombre d’ouragans actifs dans l’Atlantique Nord, mais aussi du flot de fausses informations qui a accompagné le passage de l’ouragan Hélène . Instrumentalisées par les deux candidats à l’élection présidentielle , les intempéries sont aussi l’occasion pour les complotistes de ressortir leur théorie d’une météo manipulée par l’humain. Au cœur de toutes les craintes, un programme de recherche américain voué à l’étude de l’ionosphère.

Un phénomène sans précédent lié au réchauffement climatique

C’est son acronyme, HAARP pour « High frequency active auroral research program », qui est devenu viral à mesure que les ouragans Milton, Kirk et Leslie commençaient à se former. Si bien que sur la dernière semaine, plus de 188.000 messages contenant ce mot-clé ont été publiés sur X, dont plus de 50.000 sur la seule journée du 7 octobre, d’après l’outil d’analyse Visibrain . Date à laquelle l’ouragan Milton, qualifié d’extrêmement dangereux, a été placé en catégorie 5 par le Centre américain des ouragans (NHC). 

Si pour les prévisionnistes cette concordance est une « une première dans ‘Histoire pour un mois d’octobre », tous pointent du doigt la même cause : le réchauffement des océans , vrai carburant pour ces phénomènes climatiques. « Ce réchauffement permet aux ouragans de s’aventurer dans des eaux qui n’étaient pas suffisamment chaudes jusqu’à présent », comme nous l’expliquait le météorologue Guillaume Woznica dans cet article (nouvelle fenêtre). Une conséquence du réchauffement climatique sur laquelle n’ont cessé d’alerter les scientifiques, dont ceux qui composent le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). 

Ce dessin est partagé par des internautes qui accusent à tort le programme HAARP de manipuler le climat – Capture X

Malgré ce consensus scientifique, les climatosceptiques pointent du doigt un autre acteur derrière ce phénomène : le programme HAARP. « HAARP peut modifier le climat et provoquer des tremblements de terre. Imaginez ce qu’ils peuvent faire maintenant », écrit par exemple Sam Parker (nouvelle fenêtre), un suprémaciste blanc qui a constamment échoué à se faire élire aux élections, dans un message vu plus de 840.000 fois. 

Un autre internaute partage une image d’un fouet électrique plongé dans les océans. Sur son manche, l’acronyme du programme a été ajouté. « Le programme est idéalement situé autour de la Floride », souligne enfin une dernière . Sur la vidéo en question, la forme visible est en réalité une installation sous-marine dans laquelle sont cultivés des coraux.

Une rumeur qui persiste

Mais alors que sait-on de ce programme qui génère tant de spéculations ? Derrière cet acronyme scientifique au nom complexe, on trouve l’émetteur de haute puissance et haute fréquence le plus performant pour étudier l’ionosphère. Il s’agit de la partie haute de notre atmosphère, située entre 60 et 1000 km d’altitude, dans laquelle ions et électrons ont une densité suffisante pour réfléchir les ondes électromagnétiques. Objectif initial du projet développé dans les années 90 et alors financé par l’armée des États-Unis : analyser le potentiel de cette zone pour les communications radio et la surveillance.

Pour l’étudier, les fréquences émises par HAARP permettent de ne pas être absorbées dans la troposphère ou la stratosphère, les couches les plus basses de notre atmosphère, comme l’explique une foire aux questions de l’Université d’Alaska Fairbanks, en charge du programme depuis 2015. Plus aucun militaire n’est aujourd’hui affecté sur ce site.

Reste que cette intensité inquiète certains internautes, qui accusent depuis des décennies cette technologie de posséder des capacités cachées. Au-delà de théories sur son impact sur le climat, elle a également été pointée du doigt en février 2023 lors du séisme en Turquie . À chaque fois, les experts le répètent : les ondes envoyées ne sont pas en mesure de générer ni des tremblements de terre ni des changements climatiques. 

L’ionosphère étant par nature un milieu turbulent, « les effets induits artificiellement sont rapidement effacés », souligne ainsi les chercheurs de l’Université d’Alaska. Et de réaliser une comparaison avec une pierre qui tomberait dans un cours d’eau rapide. « Les ondulations provoquées par la pierre se dissolvent rapidement dans le mouvement rapide de l’eau et sont totalement indétectables un peu plus loin en aval. »

DÉCRYPTAGE – Comment expliquer la puissance de l’ouragan Hélène ?Source : JT 20h Semaine

01:44

Ce n’est donc pas la première fois, et sûrement pas la dernière, que le programme HAARP est la cible de théories du complot. Cette fois-ci, les climatosceptiques répètent à nouveau cette idée selon laquelle cet émetteur serait capable de manipuler le climat. Des affirmations qui s’appuient sur des fantasmes longtemps démentis, faisant fi de toute réalité scientifique.

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Felicia SIDERIS

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